Le ralentissement de lʼéconomie, qui était en cours depuis le début de lʼannée, sʼest confirmé et même accentué au second semestre
L’Institut d’émission des Dom (Iedom) vient de publier en mars 2024 sa note de conjoncture du 4ᵉ trimestre 2024. Il annonce en titre : “Une économie fragilisée, mais en voie de stabilisation ?”.
L’appréciation générale est relativement pessimiste : “Au 4ᵉ trimestre 2024, l’indicateur du climat des affaires (ICA) s’établit à 95,6, un niveau en deçà de sa moyenne de longue période (100), reflétant un contexte économique fragilisé. Le ralentissement de l’économie, qui était en cours depuis le début de l’année, s’est confirmé et même accentué au second semestre. L’ICA perd 8,5 points sur l’année. Les perturbations liées au mouvement social de lutte contre la vie chère ont amplifié une tendance déjà installée. Les prévisions des chefs d’entreprise pour le début d’année 2025 sont défavorables(…)”.
Les grands postes sont les suivants selon l’Iedom.
L’activité des entreprises se détériore
Le ralentissement de l’économie et les conséquences du mouvement social se reflètent dans le niveau d’activité des entreprises, en baisse depuis le début d’année(…). Les prévisions pour 2025 restent dégradées.
Le repli de l’inflation se poursuit
En glissement annuel, les prix à la consommation augmentent de 1,8 % en décembre (+1,3 % pour la France entière), contre 2,4 % à fin septembre.
Le marché de l’emploi montre des signes de fragilisation
Au quatrième trimestre, le nombre de demandeurs d’emploi (A, B, C) progresse de 1,0 % (CVS) par rapport au trimestre précédent. Il ressort à 42 140 (CVS).
La consommation des ménages ralentit
Au quatrième trimestre 2024, les conséquences de la mobilisation contre la vie chère (couvre-feux, difficultés de circulation) pèsent sur la consommation des ménages. Les recettes de TVA et les recettes d’octroi de mer sont en baisse sur le trimestre (-2,6 % et -2,0 %, CVS, respectivement) et sur un an (-3,9 % et -2,1 %, respectivement).
La dynamique d’investissement se maintient
Plus de la moitié (61 %) des entreprises prévoient d’investir dans les douze prochains mois, selon l’enquête de conjoncture, avec de fortes disparités selon les secteurs. Les prévisions d’investissement sont bien orientées dans les secteurs agricoles et des industries agroalimentaires, des autres industries et de l’hôtellerie/tourisme. Elles sont en revanche moins bien orientées dans les secteurs du BTP et du commerce.
Hors produits pétroliers, le déficit commercial se creuse
En 2024, le déficit commercial de la Martinique se maintient à 2,9 milliards d’euros. Sur l’année, la baisse des exportations compense la baisse des importations.
Au quatrième trimestre, les exportations de rhum (-0,6 %, CVS) et de bananes (-4,8 %, CVS) sont en baisse. En conséquence, le déficit commercial hors produits pétroliers se creuse (+2,5 %, CVS).
L’activité est en baisse dans tous les secteurs, excepté le tourisme
Dans le secteur agricole et des industries agroalimentaires, l’activité fléchit encore au 4ᵉ trimestre, après plusieurs trimestres de baisse. Le volume total d’abattage (-2,5 %, CVS), les exportations de produits agricoles (-5,1 %, CVS) et les exportations de produits agroalimentaires (-1,3 %, CVS) sont en baisse.
La baisse d’activité est également marquée dans le secteur du BTP, et les prévisions pour le début d’année 2025 sont assez pessimistes.
Concernant les autres industries, les chefs d’entreprise attestent aussi d’une baisse activité et de perspectives moroses pour le début d’année 2025.
Les entreprises du commerce font état d’une forte baisse d’activité en fin d’année, après déjà plusieurs trimestres défavorables. Le secteur des services aux entreprises est également concerné par une baisse d’activité en fin d’année.
Le bilan de l’année 2024 est mitigé dans l’ensemble pour le secteur du tourisme. Bien que le nombre de passagers à l’aéroport soit en hausse de 1,7 % par rapport à 2023, le nombre de nuitées est en baisse de 2,7 % sur l’année.
Quels impacts du mouvement social sur les entreprises martiniquaises ?
Selon l’Iedom, près d’un quart des chefs d’entreprise font état de dégradations (destructions, vols) dans l’enquête de conjoncture. Ces dégradations ont un impact sur l’économie du territoire : perte d’activité, conséquences sur l’emploi, et peuvent à plus long terme avoir des répercussions sur l’attractivité sur territoire.
Michel Branchi avec Iedom
Tendances conjoncturelles n° 821- Mars 2025
NDLR : Voir note de conjoncture de l’INSEE dans Justice du n°14 du 03/04/2025