Donald Trump tente de mettre en place une “présidence impériale” aux États-Unis, annonce le très modéré et consensuel journal le Monde du 22 janvier 2025.
Il ajoute : “Les premières décisions du nouveau président américain à son arrivée à la Maison Blanche témoignent de la volonté de se soustraire au système de contrôles et de contre-pouvoirs”.
Cependant, lʼhistoire nous enseigne que la nature profonde des États-Unis dʼAmérique, çʼest dʼêtre profondément impérialistes.
Le pouvoir macronien et lʼEurope se refusaient à prendre au sérieux les menaces explicites dʼannexion du Canada, du Panama et du Groenland brandies par Donald Trump. Pourtant, ces menaces sont bien réelles. Et elles pourraient bien concerner également la Caraïbe et les Antilles françaises comme au temps jadis. Faut-il passer par pertes et profits les deux siècles de doctrine Monroe codifiant lʼemprise militaire, économique et politique des États-Unis sur les Amériques, jusqu’aux coups dʼÉtats militaires téléguidés par la CIA pour installer sur le continent des dictatures sanguinaires à sa solde (Brésil, Argentine, etc.) ? Et les menaces répétées contre Cuba et le Vénézuéla proches qui résistent à la dictature yankee ?
Faut-il oublier la domination du dollar dont les Brics essaient courageusement de sʼextraire, les traités de libre-échange taillés pour leurs intérêts, “l’ajustement structurel” par lequel les capitalistes états-uniens ont imposé au monde en voie de développement leurs diktats via le FMI. Faut-il oublier encore sur les guerres de Corée, du Vietnam, les putschs, les complots, le réseau mondial de bases militaires destinées à intimider les ennemis et les pays neutres pendant la guerre froide.
Oui, depuis la chute de lʼUnion soviétique, la puissance militaire états-unienne dicte seule sa loi. Elle concentre aujourdʼhui 40 % du budget militaire mondial. Les interventions armées qui se sont succédées depuis lʼinvasion de lʼIrak par Bush père en 1991, dʼabord dirigées contre les “États voyous”, puis sous la forme dʼune guerre sans fin contre le « terrorisme », ont imposé un monde toujours plus dangereux, toujours plus instable, où la loi du profit se confond avec la loi du plus fort, où la géographie des champs pétroliers et gaziers se superpose à celle des champs de bataille.
Sur la pente du déclin, économique et politique, lʼEmpire laisse libre cours à un militarisme hargneux, raidi par les accents millénaristes que lui insuffle une droite religieuse sûre de devoir triompher du “Mal”. Les sectes évangélistes, entrainant des minorités noires parfois, sont dans ce mirage mystique et messianique.
Donald Trump suit ce sillage, car il se croit inspiré par Dieu lui–même. Cependant, il a déjà quitté le déguisement dʼhomme de paix exalté par ses partisans.
Les États-Unis sont engagés dans une confrontation stratégique avec la Russie et surtout la Chine, dont ils veulent à tout prix endiguer lʼexpansion économique et politique.
Les nouvelles routes maritimes et les gisements que met au jour le réchauffement climatique font de lʼArctique un nouveau théâtre de ces rivalités.
Il faut prendre Trump au sérieux : il est tout sauf isolationniste. Il nʼhésitera pas à allumer à son tour la mèche des guerres commandées par les intérêts de Washington.
Le monde est devenu plus dangereux et nous devons nous y préparer.
Michel Branchi
Avec lʼHumanité
27/01/2025