
Près d’un mois après la levée des barrages, le calme reste précaire au Syndicat Martiniquais de Traitement et de Valorisation des Déchets (SMTVD). Les agents, réunis lundi 10 novembre en conférence de presse, dénoncent toujours l’absence de dialogue social et accusent le président Belfort Birota de refuser toute négociation réelle.
Le conflit, officiellement suspendu par décision de justice, devait ouvrir la voie à une médiation entre la direction et les représentants de la CGTM-SOEM FA FPT. Mais les discussions stagnent. Le syndicat réclame notamment la remise de documents administratifs relatifs à la non-titularisation de certains agents et la tenue des entretiens professionnels obligatoires. Selon eux, ces procédures internes ne sont toujours pas respectées, alimentant un climat de défiance.
Un cri d’alerte sur la gestion des déchets
Au-delà du conflit social, les agents tirent la sonnette d’alarme sur la dégradation de la situation environnementale. Ils dénoncent la multiplication des décharges sauvages, la saturation des sites existants et le manque de solutions durables pour le tri et le traitement des déchets. Les représentants syndicaux appellent les élus à prendre leurs responsabilités et à investir dans des infrastructures modernes. Selon eux, la crise actuelle révèle un problème structurel bien plus profond : l’incapacité du territoire à assurer une gestion efficace de ses déchets.
Une grève en pause, mais pas terminée
Si les barrages ont été levés, la colère, elle, reste intacte. Les agents affirment se maintenir “en veille” et n’excluent pas de reprendre le mouvement si la médiation échoue. Le SMTVD sort affaibli d’un conflit qui, au-delà de ses répercussions sociales, met une nouvelle fois en lumière les fragilités d’un service public essentiel au fonctionnement et à la salubrité du territoire.
CAP Nord ajuste la TEOM pour préserver l’équilibre financier
Dans ce contexte tendu, CAP Nord Martinique a décidé d’agir pour maîtriser le coût de la gestion des déchets tout en préservant le pouvoir d’achat des habitants. Confrontée à la hausse continue des coûts de collecte, de transport et de traitement estimés à 25 millions d’euros par an, soit près de 40 % du budget de fonctionnement, la collectivité a voté une augmentation modérée du taux de la Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères (TEOM). Le taux passera ainsi de 17,5 % à 19 % en 2025, afin de couvrir 75 % des dépenses, contre 70 % auparavant. Le quart restant continuera d’être pris en charge par le budget général de CAP Nord. Les élus expliquent avoir fait le choix de la “responsabilité et de la mesure” : une hausse limitée, jugée indispensable pour garantir la continuité du service public et soutenir les efforts du SMTVD, tout en maintenant une forme d’équité pour les foyers du Nord. Une décision qui illustre la difficulté croissante des collectivités à concilier service public, équilibre budgétaire et justice sociale dans un contexte de crise durable du traitement des déchets en Martinique.
M.C le 13/11/2025
