Max Louis-Thérèse rend hommage à Armand Nicolas sur sa tombe
Chers camarades. Je ne vais pas me lancer aujourd’hui dans une évocation de l’œuvre politique, si riche, de notre grand disparu. Je vais simplement me contenter de parler de la soif perpétuelle de vérité qui animait ce si vaillant militant et dont les révélations ont tant contribué à faire avancer la cause de l’émancipation de notre peuple.
André Aliker et Armand Nicolas reposent presque l’un à côté de l’autre, bien qu’ayant vécu à des âges différents. Mais ces deux camarades, comme d’autres aussi vaillants militants, ont un point commun. Ils ont partagé le même idéal communiste et ont consacré l’essentiel de leur vie à la défense des intérêts de la classe ouvrière, à la justice sociale et à la lutte contre les méfaits du colonialisme et du capitalisme. Armand Nicolas, dont nous saluons la mémoire, nous a quittés le 29 janvier 2022, au terme d’une vie marquée par une fidélité totale à l’idéal communiste et dont il s’appliqua à transmettre les enseignements aux militants avec qui il entretenait des relations très fraternelles. Car Armand était convaincu que c’est par la lutte contre l’ignorance, l’éducation du peuple, par le rétablissement de la vérité historique, qu’il pouvait amener le peuple à briser les carcans dans lesquels on le maintenait pour mieux l’exploiter. Ce militant exemplaire savait fouiller les recoins de notre histoire dont les aspects à la fois les plus sombres et les plus glorieux avaient été pendant si longtemps cachés.
N’est-ce pas lui qui a rétabli la vérité sur l’abolition de l’esclavage en révélant le rôle essentiel joué par les esclaves dans leur libération, alors que depuis des décennies les autorités coloniales puis départementales nous faisaient croire qu’elle était due à la générosité de la « mère-patrie » et au seul engagement de Schoelcher ? N’est-ce pas à celui à qui nous rendons hommage, aujourd’hui qui a mis à jour les évènements qui ont marqué, l’insurrection du Sud ? Et n’est-ce pas encore lui qui a rédigé le volumineux ouvrage sur l’histoire de la Martinique du début de la colonisation jusqu’à 1971 ?
Mais le pouvoir qui voyait en Armand Nicolas et à travers le mouvement communiste qu’il animait de dangereux adversaires de l’ordre colonial les frappa durement. Après les sanglantes émeutes de décembre 1959, il publia l‘ordonnance du 15 octobre 1960, véritable lettre de cachet qui permettait, par simple décision du préfet, d’expulser un Martiniquais de son pays. Mais les 4 communistes visés par cette loi scélérates parmi lesquels Armand Nicolas, Georges Mauvois, Walter Guitaud, etc. refusèrent de se soumettre à cette déportation. Bien des années après ces persécutions, les Martiniquais et même les pouvoirs publics surent reconnaître l’ampleur de la tâche accomplie par Armand Nicolas.
Élu Au Conseil régional, il réalisa un travail considérable en faveur de l’éducation des jeunes. Toujours assoiffé de connaissance de l’histoire de son pays, il se mua en archéologue en entreprenant des fouilles sur le site de Dizac, au Diamant.
Gloire à notre camarade Armand ! Puisse son souvenir vivre longtemps dans la mémoire de tous ceux qui ont partagé son idéal et apprécié sa tâche immense au service de notre peuple.
G. Érichot et Max Louis-Thérèse
Le 11 janvier 2025