
En Guadeloupe, un médecin a été mortellement poignardé au Centre médico-psychologique (CMP) du Gosier, le 1er décembre. En Martinique, une femme d’une trentaine d’année a délibérément abandonné son nouveau-né dans un réfrigérateur à Schoelcher, avant de rejoindre un squat à Fort-de-France. Deux cas qui concernent des personnes en détresse psychologique.
Mort violente d’un médecin psychiatre en Guadeloupe, l’ordre des médecins réagit
Lundi 1er décembre, un médecin psychiatre de 67 ans a été poignardé par son patient au centre médico-psychologique du Gosier. L’homme âgé de 48 ans a sorti un couteau à lame rétractable avec lequel il a frappé le psychiatre une dizaine de fois. Selon les premiers éléments de l’enquête, ’homme a ensuite quitté le CMP, suivi à distance par l’un des membres du personnel. Ce qui a permis son identification et son interpellation quelques minutes plus tard par une équipe de la BAC appelée en renfort. Malgré les efforts du personnel sur place, d’une équipe de police secours puis du Samu, le docteur Gal n’a pas survécu à ses blessures. L’autopsie pratiquée a confirmé un coup mortel porté en plein cœur et plusieurs organes également touchés.
Il s’agit d’un meurtre avec préméditation, car l’auteur des faits a justifié son geste en dénonçant le traitement médicamenteux qui lui était administré et par une colère contre le système psychiatrique en général. Jamais condamné auparavant, il avait pourtant fait l’objet d’une procédure en 2021 pour détention d’arme blanche. Procédure qui avait conduit à son admission en service de soins psychiatriques.
Désormais, c’est au juge d’instruction de déterminer la pathologie dont il souffrait et son degré de discernement.
Dans un communiqué, l’ordre des médecins a réagi dès le lendemain de ce drame : “À la suite de l’agression qui a coûté la vie à un médecin au Gosier, le Conseil national de l’Ordre des médecins exprime sa profonde stupéfaction et adresse son soutien entier à la famille, aux proches, aux confrères du praticien, ainsi qu’à l’ensemble des médecins victimes de violences […] Les agressions visant les médecins sont en constante augmentation. Elles touchent sans distinction tous les modes d’exercice : libéral, salarié, hospitalier, toutes les spécialités et tous les territoires, en métropole comme en outre-mer. Les CMP constituent souvent le premier recours des usagers en matière de santé mentale. Dans un territoire confronté à une forte précarité sociale et à une population particulièrement vulnérable, les conditions d’exercice des praticiens sont déjà fragilisées. Cet événement tragique interroge avec acuité les moyens alloués au secteur, la sécurité des professionnels et la prise en charge des pathologies psychiatriques dans l’archipel.”
L’autrice de l’infanticide a été libérée après sa garde à vue
Mardi 2 décembre, une femme d’une trentaine d’année, est découverte au boulevard Allègre à Fort-de-France, en grande détresse vitale et en train de perdre une grande quantité de sang au niveau du bas-ventre. Une fois sur place, les secours ont constaté qu’elle venait d’accoucher. Elle a alors indiqué que le bébé se trouvait dans un congélateur, chez sa compagne dans la commune de Schoelcher. Le bébé a été retrouvé inconscient. Un événement qui met l’accent sur la réalité quotidienne de nombreuses personnes invisibles, survivant dans une précarité extrême. Entre isolement, absence de suivi médical et détresse sociale, ces situations peuvent conduire à des actes désespérés et à des urgences sanitaires majeures. Elle a été hospitalisée à la Maison de la femme, de la mère et de l’enfant (MFME), jusqu’à son placement en garde à vue. La mère de famille de 37 ans a été entendue le vendredi 5 décembre en garde à vue par la gendarmerie. La mesure de rétention a été levée.
Le dossier a été transmis, pour examen, au parquet de Fort-de-France, qui devra décider s’il y a lieu, ou pas, d’engager des poursuites judiciaires.
Pour rappel, fin juillet 2025, une intersyndicale composée de la CDMT, CGTM et de l’UGTM avait organisée une opération molokoy pour alerter de nouveau sur la dégradation de la prise en charge des patients en psychiatrie. Elle avait également dénoncé le manque de médecins et de personnels, dans tous les services notamment dans ces centres médico-psychologiques (CMP) où la prise en charge laisse à désirer.
J-P M avec France-Antilles et RCI Guadeloupe
