8 mai 1920-8 mai 2025. Voilà 105 ans que notre journal “Justice” a été lancé par Jules Monnerot.
La naissance de Justice est née du refus du Pacte de Sainte-Marie du 22 juin 1919 entre le socialiste Joseph Lagrosillière et Fernand Clerc, le chef de file des békés. Armand Nicolas, dans le tome 2 de son Histoire de la Martinique écrit que “pour la première fois, un parti, se présentant comme le porte-parole de la classe ouvrière, faisait une alliance ouverte avec un parti de la classe des capitalistes. Désormais, l’Usine contrôlait totalement le jeu politique en Martinique”.
Un certain nombre de militants conduits par Jules Monnerot, professeur de philosophie au Lycée Schoelcher, quittent la Fédération socialiste de la Martinique pour constituer le 19 décembre 1919 le groupe “Jean Jaurès” qui l’année suivante adhérera aux thèses du communisme. Il est bon de rappeler que, parmi les adhérents du début, il y a, outre Jules Monnerot, le bijoutier Joseph Del, syndicaliste, le Docteur Juvénal Linval, l’ébéniste Léopold Bissol, Dordotte, syndicaliste, André Aliker, petit commerçant.
Justice paraît le 8 mai 1920, édité par l’Imprimerie Nouvelle, 25 rue Galliéni.
Quel est son programme ?
- Le refus de la collaboration de classe.
- La fidélité aux principes de base du socialisme.
- L’organisation de la classe ouvrière.
- Une démocratie prolétarienne. La démocratie véritable.
- L’assimilation, c’est-à-dire l’égalité totale entre “Français de la Martinique” et “Français de la Métropole”. Ce principe fut abandonné en 1955 “car elle (l’assimilation) nie le caractère colonial de notre pays, masque l’oppression et de ce fait désarme les masses populaires” (11ᵉ conférence fédérale).
- La solidarité internationale des travailleurs
Qui était Jules Monnerot ?
Il était Rédacteur de journaux socialistes, professeur de philosophie, avocat, historien, créateur de la “Revue de la Martinique”, élu en 1941 Bâtonnier du Barreau de Fort-de-France, brillant orateur et conférencier, polémiste redoutable, doté d’une vaste culture. Il enseigna aux militants ouvriers la théorie marxiste (cf biographie dans l’Historial Antillais tome V). Le but essentiel de Justice était de conscientiser les travailleurs et le peuple. Sans conscience politique pas de luttes. Il dénonçait le capitalisme et le colonialisme dans ses nombreux articles de “Justice”. Né le 6 juillet 1874 à Fort-de-France, il est mort à Fort-de-France le 23 septembre 1942, âgé de 68 ans.
Bien entendu, les conditions de la lutte pour le socialisme et l’émancipation des travailleurs ont bien changé depuis 1920. Mais la société reste divisée en classes antagonistes. Le colonialisme a changé de forme, mais impose toujours sa domination et son exploitation à notre pays. Les travailleurs ont arraché des droits constamment remis en question. L’information juste est plus que jamais nécessaire pour démasquer les mystifications et falsifications permanentes de médias au service des puissants et exploiteurs. Et pour lutter. C’est cela le carburant de Justice et qui lui permet cette longévité exceptionnelle. Le combat pour la responsabilité martiniquaise est au centre de notre démarche d’aujourd’hui.
Aux démocrates, progressistes, anticolonialistes et simplement femmes et hommes de bonne volonté de le soutenir financièrement et moralement pour le progrès de la société martiniquaise.
Michel Branchi (5/05/2025)