
S’occuper de ses patients dans un climat d’insécurité : c’est une réalité à laquelle les infirmières et infirmiers libéraux sont de plus en plus confrontés. Lundi 24 mars, dans un élan de solidarité, les IDEL (Infirmier Diplômé d’État Libéral) de Martinique et de Guadeloupe étaient mobilisés pour soutenir le mouvement de protestation lancé en Guyane après le viol et le braquage subis par deux de leurs collègues. Reçue par l’ARS, l’intersyndicale des infirmiers de Martinique en a profité pour traiter de la question de l’insécurité.
Une infirmière libérale a été victime d’un viol alors qu’elle dormait dans une maison partagée avec d’autres soignantes. Les faits se sont déroulés dans la nuit du mercredi 19 mars au jeudi 20 mars à Maripasoula, commune isolée du sud-ouest de la Guyane. Deux jours après cette agression, une autre infirmière a été braquée à l’arme à feu, à l’aube, alors qu’elle sortait de son véhicule après un accrochage volontairement provoqué. Les deux victimes ont porté plainte.
Pour les membres de la profession, “Ce sont les actes de trop”. En soutien à leurs consœurs, une cinquantaine d’infirmières et d’infirmiers de la Martinique se sont mobilisés le lundi 24 mars devant les locaux de l’Agence régionale de santé (ARS), à la ZAC de l’Etang Z’Abricot, à Fort-de-France où une délégation a finalement été reçue par le directeur. Cette manifestation était organisée par l’ensemble des syndicats infirmiers de la Fédération Nationale des Infirmiers, le Syndicat des infirmières et infirmiers libéraux et Convergence Infirmière, ainsi que par l’Ordre des infirmiers libéraux et les URPS infirmier.
FNI : “Notre code de déontologie nous oblige à la continuité des soins”
La situation en Guyane n’est pas un cas isolé. Il y a deux ans, une infirmière a été molestée dans le quartier foyalais de Volga Plage. Elle a également subi des attouchements. D’autres affrontent quotidiennement la violence verbale des patients ou de leurs proches :
“Souvent, on m’appelle pour me dire : voilà, tel patient a été violent, tel patient m’a crié dessus, est-ce que je peux abandonner le soin ? D’ailleurs, on a une collègue qui est en arrêt maladie pour ça. Normalement, notre code de déontologie nous oblige à la continuité des soins. Quand ça nous arrive, on peut arrêter, mais il faut soumettre une liste des infirmières du secteur et leur donner un temps. Lorsque c’est violent, on peut arrêter et en informer nos supérieurs. Après, cela nous pose quand même problème parce que si le patient peut être violent avec nous, il peut l’être avec une autre collègue. Donc, on se demande que faire ?”, déclare Marie-Danielle Eguienta, IDEL et Secrétaire générale de la FNI
Un bouton anti-agression et d’autres solutions ont été proposés
Face à l’insécurité grandissante qui touche de plus en plus la Martinique, les IDEL ont réclamé des mesures de protection renforcées. Durant l’entretien avec le directeur de l’ARS, plusieurs solutions ont été proposées :
- Une campagne de sensibilisation auprès de la population ;
- Le renforcement des dépôts de plainte grâce à un circuit court ;
- L’expérimentation du bouton anti-agression qui contacte directement les autorités ;
- La géolocalisation des professionnels ;
- Proposition de formation sur la posture des infirmières en cas de violence financée par l’ARS.
À l’issue de la rencontre, les représentants de la profession étaient plutôt satisfaits et attendaient la généralisation du bouton anti-agression. En attendant, un rendez-vous dans trois mois avec le DG de l’ARS pour faire le point.
M.C (28/03/2025)