Tribune : Willem PAULA : APPEL À LA RAISON

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En ma qualité d’observateur politique de mon pays la Martinique et du plus jeune fondateur du PPM à l’âge de dix-sept ans, je souhaite apporter ma contribution au congrès des élus de la CTM initié par le Président de l’exécutif et du Président de l’Assemblée. Je salue cette démarche intelligente pour un meilleur développement économique et pour plus de responsabilité pour la NATION MARTINIQUAISE.

J’espère que cette démarche ne se transformera pas en eau de boudin comme cela s’est produit en 2009 qui, malheureusement a freiné une avancée sur le chemin de la décolonisation

de la Martinique. Permettez-moi de citer Aimé CÉSAIRE lors du congrès du PPM le 28 juin 1980 ; Je cite : VOUS ME PERMETTREZ DE PRENDRE UN DÉTOUR ASSEZ LONG AVANT D’ARRIVER À LA QUESTION DU JOUR, CELLE DU MOT D’ORDRE DE NOTRE PARTI : AUTONOMIE DE GESTION POUR LA NATION MARTINIQUAISE.

J’ai choisi de prendre ce chemin, parce que je veux comme vous tous que ce congrès soit celui de la clarté et de la clarification.

Cette méthode aura au surplus, l’avantage de faire comprendre à tous que la définition d’un mot d’ordre n’est pas arbitraire, qu’un mot d’ordre n’est pas affaire de mode, qu’il ne résulte d’aucune considération subalterne : comme par exemple le désir d’être dans le vent ou volonté mégalomaniaque d’occuper un leadership chimérique, bref qu’un mot d’ordre résulte d’une doctrine sans doute, mais aussi d’une situation et d’un moment le PPM entend aussi assurer la libération individuelle mais aussi et d’abord car préliminaire de tout le reste : LIBÉRATION collective : libérer l’individu en libérant la communauté.

La vérité est que la Martinique ruinée économiquement tend à devenir une terre de renforcement du colonialisme et en attendant une terre de répression.

Le symbole de ce nouveau cours politique étant la présence depuis quelques temps parmi nous d’une garnison de garde mobile, chargée de nous imposer la loi du vainqueur. La vérité est toujours révolutionnaire a-t-on dit.

J’ai la conviction aujourd’hui que la vérité est toujours progressiste, qu’elle seule peut aider au progrès et d’aider le peyi à sortir de l’impasse (Aimé CÉSAIRE le 5 AVRIL 1958).

Je suis de plus en plus convaincu que les Martiniquais accepteront de moins en moins la politique de domination de notre peyi. Inéluctablement la situation politique actuelle risque de déboucher sur un état d’explosion du genre 22 Mai 1848. C’est vraiment dommage que le gouvernement français ne comprenne jamais à temps que l’heure de la décolonisation et arrivée et comme disait Aimé CÉSAIRE : l’heure de nous-mêmes est arrivée.

Lors du débat sur les lois de décentralisation : Gaston DEFFERRE : CÉSAIRE avertira que l’Outre-mer, faute de prévoir de plus larges libertés locales que dans l’hexagone, le problème politique ne sera pas réglé, ma conclusion c’est que malgré les mesures que vous proposez aujourd’hui et dont je ne nie pas l’intérêt, les départements d’Outre-mer continueront à faire problème et ce problème n’est pas de ceux, bien rare en vérité que l’on peut résoudre en les éludant. Eh oui toutes les spécificités que j’ai évoquées tout à l’heure, il faudra bien que tôt ou tard vous les preniez en compte dans un statut qui, de quelque nom qu’on l’appelle, ne peut être spécial. Un statut sur lequel bien entendu les populations devront avoir leur mot à dire, ce sera pour le moins de l’autodétermination.

Je lance un appel solennel à notre jeunesse pour leur dire que j’entends leur cri de souffrance et de désespoir, de ne pas utiliser la violence qui, malheureusement nous fait perdre beaucoup de diplômés.

Je leur propose de militer dans les partis politiques de leur choix pour assurer la sauvegarde du peuple martiniquais pour un avenir meilleur pour eux et les enfants à venir.

En conclusion, je souhaite que la lumière d’Aimé CÉSAIRE puisse éclairer les congressistes, comme cette lumière dépassant les océans pour éclairer les peuples du monde exploité en quête de LIBERTÉ. Pour ma part, l’indépendance aujourd’hui n’étant pas la priorité pour les Martiniquais. Je propose donc un statut d’autonomie. Vous aurez compris qu’il s’agit d’une étape vers la responsabilité totale. Aimé CÉSAIRE a écrit dans le journal Paris Match : que tôt ou tard la Martinique sera indépendante.

Pour ma part, je propose comme pour les anciennes colonies portugaises, espagnoles, Les Açores, Madère, Les Canaries, une autonomie sur la base d’un partenariat intelligent avec la France dans le respect équitable de nos relations fraternelles et universelles.

J’ai dit

Willem PAULA