Traitement des déchets en Martinique : Vers une augmentation de la taxe d’enlèvement d’ordures ménagères ?

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Le président du SMTVD déplore des recettes insuffisantes face

Le Syndicat mixte de traitement et de valorisation des déchets (SMTVD) pourrait connaître un tournant décisif. Son président, Belfort Birota, plaide pour que l’ensemble des sites du syndicat soit confié à un opérateur privé dans le cadre d’une délégation de service public (DSP). Une proposition qu’il défend activement auprès des autorités locales depuis plusieurs semaines.

 Le 12 novembre, le président du SMTVD a adressé un courrier au préfet Étienne Desplanques, au président du Conseil exécutif de la CTM ainsi qu’aux présidents des trois communautés d’agglomération. Reçu le lundi 17 novembre à la préfecture pour exposer sa vision, il présentera également son argumentaire devant le président de la CACEM le 26 novembre.

 Un modèle à bout de souffle

Pour Belfort Birota, le diagnostic est sans appel : le SMTVD a atteint ses limites.

Selon lui, les sites gérés en régie par le Syndicat sont un échec : “Nous avons deux modes de gestions : la délégation de service public, c’est-à-dire que nous avons confié à une multinationale, IDEX, la gestion de l’UTVD, l’usine d’incinération. Ils ont aussi la gestion du CVO, c’est-à-dire du centre de valorisation organique. Il nous reste d’autres sites que nous gérons en régie et l’expérience m’a montré que nous ne savons pas faire.

En effet malgré les efforts entrepris, le SMTVD ne dispose ni des moyens financiers ni des ressources humaines nécessaires pour assurer pleinement sa mission.

Le président évoque un véritable constat d’échec :

Nous avons un personnel très peu motivé et très peu formé…Traiter les déchets, c’est un métier spécifique qui demande engagement en permanence […] On ne peut pas obtenir des résultats en ne faisant que travailler à perte, c’est de l’argent public que nous gâchons.

Il poursuit sur les difficultés financières qu’il rencontre : “Nous enfouissons trop puisque l’usine d’incinération est saturée… Donc nous payons à l’État la TGAP (Taxe Générale sur les activités polluantes) et c’est 3 millions que nous reversons à l’État chaque année. On voit bien qu’une affaire comme ça ne peut pas tenir la route. Ajoutons à cela un bail emphytéotique de 55 ans qui nous plombe et nous versons au bas mot près d’1 million deux à l’exploitation agricole du Galion qui est un bailleur privé qui nous loue le site de Lestrade. Cela fait des dépenses incompressibles, des recettes qui ne sont pas au rendez-vous et des dotations des collectivités qui s’amenuissent.

Pour le président du SMTVD, plus de doute possible, déléguer la gestion à un acteur privé permettrait de garantir un service plus performant, même si cela implique un coût important :

Quand ça passe dans le privé c’est le contribuable qui paye. Et on risque d’avoir une augmentation de la taxe d’enlèvement d’ordures ménagères.

L’objectif serait de s’appuyer sur des entreprises spécialisées, dotées de l’expertise nécessaire pour moderniser les installations et optimiser la gestion des déchets, un enjeu crucial sur un territoire insulaire.

Le préfet ouvert à la discussion

Le préfet, sollicité en premier, a accueilli la proposition de manière prudente mais constructive.

S’il reste attaché à la libre administration des collectivités, il se montre prêt à étudier l’idée, reconnaissant l’urgence de trouver des solutions efficaces. Pour Belfort Birota, cette ouverture est un signe.

Face à ces difficultés, le président du syndicat estime qu’un opérateur privé pourrait apporter une réponse pérenne. Selon lui, seule une entreprise spécialisée sera capable de doter la Martinique d’infrastructures adaptées et performantes, essentielles pour protéger l’environnement, la santé publique et l’économie locale.

Il faut surtout augmenter les dotations aux communautés d’agglomération au lieu de pressurer les contribuables.

M.C 20/11/2025