SNU généralisé, uniforme à l’école… les principaux points de la conférence de presse d’Emmanuel Macron vus par l’Humanité

0
14

L’essentiel

Tandis que le nouveau gouvernement n’est toujours pas au complet, Emmanuel Macron renoue avec un rendez-vous avec la presse -une première depuis 2019. Voici venu le “rendez-vous avec la nation”. C’est ni plus ni moins ainsi que l’Élysée pré- sente la conférence de presse du mardi 16 janvier. Pouvoir d’achat en berne, loi immigration contestée, nouveau gouver- nement déjà à la peine… Le chef de l’État, qui espère vendre son “cap” aux Français, a du pain sur la planche.

Le président se rendra en Ukraine en février

Emmanuel Macron a redit le soutien de la France à l’Ukraine et estimé qu’il fallait s’adapter à la nouvelle situation issue de “l’agression russe”, le 24 février 2022. “Nous devons rebâtir des rè- gles ad hoc” puisqu’un “membre de l’ONU”, la Russie, “ne res- pecte plus la charte de l’ONU”. Il se rendra en février en Ukraine et promet la livraison “d’une quarantaine de missiles Scalp” et des “centaines de bombes”.

Concernant une possible victoire de Donald Trump aux élec- tions présidentielles de novembre prochain aux États-Unis, il a rappelé qu’il “engage le dialogue, au service de la France et de ses intérêts, avec quiconque” et qu’il l’a fait avec le chef d’État répu- blicain lors de son premier mandat.

Macron vante la politique française sur Gaza

Emmanuel Macron n’a pas de assez mots durs sur les attaques israéliennes sur Gaza. Il vante cependant l’utilisation des moyens de l’armée française à des fins humanitaires, notam- ment médicales. Par ailleurs, il promet un hommage, le 7 fé- vrier, pour les victimes des attaques terroristes du Hamas du 7 octobre.

Un deal pour la mairie de Paris avec Dati ?

L’entrée de Rachida Dati au gouvernement pose désormais la question d’une candidature de la maire du VIIe arrondissement de Paris sous la bannière macroniste. Un accord a-t-il été scellé

? Macron élude, mais indique tout de même souhaiter une nou- velle loi “pour revenir au droit commun” pour les élections à Paris, Lyon et Marseille. Depuis 1982, les habitants de ces villes votent pour leur maire d’arrondissement ou de secteur, et pas directement pour les candidats à la mairie de la ville. Un moyen d’enfin gagner une grande métropole pour les macro- nistes ?

Un discours “vieux jeu” ?

Interrogé par une journaliste de 20 Minutes sur les thèmes évo- qués et les mesures annoncées (uniforme à l’école SNU, long discours sur l’usage des écrans chez les jeunes…) Macron se défend d’être “vieux jeu” et répond avec des arguments… vieux jeu. “Moi je ne crois pas que le symbolique soit vieux jeux. Nos so- ciétés sont devenues un peu liquides, il faut redonner des repères.”

Macron prétend lutter contre le RN

Selon Emmanuel Macron, il “faut lutter à ce qui fait voter pour”le RN. Il prétend le faire, notamment en endiguant “le chômage de masse”. Il estime être en train de répondre à “la désindustria-

lisation dans l’est et le nord” qui a favorisé le RN, le “parti de la colère facile”. “Deuxième élément, lutter contre l’immigration clan- destine est une des réponses”, croit-il, disant être à l’œuvre, “dans le cadre européen et national”.

Le président des riches estime que le parti de l’héritière Le Pen est “le parti de l’appauvrissement collectif. (…) C’est le parti qui a piqué son programme à l’extrême gauche (…) qui promet la re- traite à 60 ans”. Il se prétend comme un rempart face au RN en incarnant un “bloc central qui rassemble les démocrates, écolo- giques et républicains qui croient en l’Europe”.

Emmanuel Macron veut la généralisation du SNU en seconde Interrogé sur les émeutes, Emmanuel Macron annonce son souhait que le Service National Universel (SNU) soit généra- lisé pour les élèves de seconde.

Revenant sur les émeutes après la mort du jeune Nahel tué par un policier, il a évoqué “le réengagement” des familles et l’ac- compagnement des familles monoparentales “pour les aider”, plaidant aussi pour “une réponse plus adaptée dans le système sco- laire, et » une réponse pénale plus claire”.

“C’est un ensemble”, a-t-il argumenté, ajoutant que “oui, le service national universel fait partie de la réforme. C’est pourquoi j’aurai l’occasion d’y revenir dans les prochaines semaines. Mais nous irons vers une généralisation du service national universel en se- conde”.

Macron satisfait sur la santé

Pour désengorger les urgences, Emmanuel Macron souhaite “responsabiliser ceux qui viennent souvent aux urgences” avec un reste à charge.

Plus que des perspectives, il vante son bilan. “Le secteur de la

santé exigeait un investissement historique, que nous avons fait avec le Ségur” qui se traduit par une “augmentation de salaire de 200 à 400 euros par mois”. Il rappelle l’investissement de “19 mil- liards d’euros pour rénover les hôpitaux”.

Macron parle des absences d’enseignants non rempla- cés… sans citer la polémique qui touche sa ministre

Alors que la ministre de l’Éducation nationale Amélie Oudéa- Castéra a déclenché une polémique sur les absences de pro- fesseurs dans l’école publique, Emmanuel Macron a abordé ce sujet… mais pas la polémique. Il a assuré que “nous avons réussi à répondre au problème d’absences longues des professeurs” et prétendu commencer à “s’attaquer aux problèmes des absences courtes”.

L’embauche d’enseignant ne figure pas au rang des priorités. Il compte répondre au problème par une meilleure organisation

: “on regarde à ce que la formation ne se fasse pas pendant le temps

d’école”. Il estime aussi que les professeurs peuvent être rem- placés par les collègues de leur propre établissement, que ce soit par le truchement “d’heures supplémentaires” ou du “pacte enseignant”.

Le flou sur le pouvoir d’achat

Le président a estimé qu’il était “légitime qu’il y ait des augmen-

tations” de salaire sans se montrer volontariste. “Quand l’État protège” face à l’inflation, “c’est le contribuable de demain qui paie”. Il promet de continuer à “maîtriser les prix” tout en per- mettant un prix juste pour que “nos agriculteurs et nos PME puis- sent vivre de leur travail”.

Dans la foulée de la conférence sur les salaires issue des ren- contres de Saint-Denis, au premier semestre 2023, il souhaite poursuivre le “travail pour les branches qui paient sous le SMIC”. Ces dernières sont plus d’une trentaine sur 170. Il souhaite que ces branches “embauchent et aient une dynamique salariale re- trouvée”.

Un vœu pieux sans mesures contraignantes pour les entre- prises concernées. Déresponsabilisant les entreprises qui re- fusent les augmentations de salaires, il estime que “le pouvoir d’achat est une rencontre entre un coût de la vie et la rémunération du travail” et promet une “baisse d’impôt pour les salariés qui sont dans les catégories” à bas salaires.

Des petits moyens pour la médecine

Emmanuel Macron prétend vouloir donner des moyens pour la médecine, et permettre une meilleure articulation entre spécia- listes et médecine de ville. Il souhaite “une régularisation des mé- decins étrangers” qui tiennent les services de soin à bout de bras.

“Un acte II de la réforme du marché du travail lancée en 2017”

Emmanuel Macron annonce poursuivre son entreprise de des- truction de l’assurance chômage : “Nous devons former davan- tage selon les besoins de la nation. Nous avons commencé ce travail avec la réforme du lycée professionnel. Nous accélérerons cette

 année, et jusqu’à la rentrée prochaine. Le gouvernement incitera aussi à la création et la reprise d’un emploi avec, dès le printemps prochain, un acte II de la réforme du marché du travail lancée en 2017.”

Un “réarmement démographique”

Emmanuel Macron prône la transformation du “congès parental”

de trois ans, en “congès de naissance” mieux rémunéré. Cela doit permettre “aux deux parents de rester six mois aux côtés de leur en- fant” tout en n’éloignant pas les femmes du marché du travail. Il souhaite également un grand plan contre l’infertilité “qui fait souffrir beaucoup de couples”. Il intègre toutes ces propositions dans le cadre d’un… “réarmement démographique” alors que le nombre de naissance est au plus bas depuis 1946. ( ndlr : Et la baisse de population et son vieillissement en Guadeloupe et Martinique ?).

L’accent est mis sur le sécuritaire

Le chef de l’État promet “dix opérations place nette” contre les

trafics, sur le modèle des actions entreprises à Marseille. Il dit vouloir rétablir l’ordre en “luttant contre l’Islam radical en appli- quant la loi votée il y a deux ans”, la loi contre le séparatisme qui a alimenté un climat de xénophobie antimusulmane. Cette loi “nous a permis de mettre fin au premier janvier au système des imams détachés”.

Emmanuel Macron annonce l’expérimentation de l’uniforme à l’école

Dans une déclaration assez vague, Emmanuel Macron semble miser sur l’éducation. Il souhaite définir un “bon usage des écrans” pour les enfants, en famille, à l’école et en société. Il dit vouloir investir dans l’éducation, avec des “maîtres mieux payés”. L’en- seignement de l’éducation civique devrait être renforcé.

Il souhaite instaurer des cérémonies de diplômes officielles, sur le modèle américain, mais aussi l’uniforme à l’école : “La tenue unique – qui a donné lieu à tant de débats ces derniers mois dans notre pays, et qui efface les inégalités entre les familles en même temps qu’elle crée les conditions du respect –, sera expérimentée dès cette année dans une centaine d’établissements, tous volon- taires. Cette expérimentation sera évaluée méthodiquement et sur la base des résultats, s’ils sont concluants, [sera généralisée] en 2026.”

G.E avec l’Humanité

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici