Saint-Kitts-et-Nevis, siège de la Banque centrale de la Caraïbe de l’est (ECCB) ©ECCB Connect/Facebook
Le gouverneur de la Banque centrale de la Caraibe de l’est (ECCB) a mis en garde la région contre l’inflation et la guerre des tarifs déclenchée par le président américain Donald Trump. Le risque est de déstabiliser les économies des pays de l’Organisation des états de la Caraïbe de l’est (OECS).
Les tarifs de Donald Trump vont sévèrement impacter les petites économies de la Caraïbe, surtout les pays membres de l’Organisation des états de la Caraïbe de l’est (OECS) qui continuent d’importer la quasi-totalité de leurs produits alimentaires et leurs matériaux de constructions.
Dans la Caraïbe, les économies qui dépendent majoritairement du tourisme, commencent à peine à se remettre après la pandémie. Aujourd’hui, ces pays se trouvent face à un défi qui pourrait s’avérer insurmontable si la région ne prend pas des initiatives. En effet, les tarifs de Trump vont augmenter les prix pour les consommateurs caribéens.
Le président américain veut également imposer une taxe de plus d’un million de dollars sur chaque navire fabriqué en Chine et qui accoste aux ports des États-Unis. La majorité des navires marchands (+ de 50 %) qui circulent dans le monde ont été construits en Chine. Timothy Antoine, Gouverneur de la Banque centrale de la Caraïbe de l’est : “L’imposition des taxes sur ces navires fabriqués en Chine va faire flamber les frais de transport. Les prix des produits transportés sur ces navires, surtout les matériaux de construction, vont augmenter et impacter le développement de la région”.
La Caraïbe doit s’activer
Selon Timothy Antoine, le secteur agricole, abandonné en faveur du tourisme, doit être ressuscité de toute urgence.
La sécurité alimentaire est une importante priorité dans cette région où l’on consomme en majorité de la nourriture cultivée ailleurs. Timothy Antoine : “Il nous faut plus d’investissements, surtout en matière de production de viandes, de culture des céréales et des fruits et légumes, qui représentent la moitié de nos importations alimentaires”.
L’inexistence des énergies renouvelables
La Caraïbe est dépendante à 90 % des fiouls fossiles pour fournir ses besoins énergétiques. La région est à la traîne dans le développement des énergies renouvelables.
Les petits pays sont exposés à la volatilité du marché qui augmente le prix de l’électricité et fragilise la stabilité économique.
Les tarifs de Trump devraient motiver la Caraïbe à prendre ses propres responsabilités par rapport à son alimentation et à sa production énergétique.
Ainsi, il est nécessaire de multiplier les actions collectives.
Timothy Antoine : L’ordre économique mondial est en train de se fracturer et de se restructurer. Sommes-nous capables de s’unir pour être à la hauteur de ce changement ?
La Banque centrale de la Caraïbe de l’Est est responsable de la bonne santé du dollar caribéen.
C’est la monnaie nationale d’Antigua-et-Barbuda, la Dominique, la Grenade, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Anguilla et Montserrat.
Caroline Popovic
Martinique la 1ère- 15 avril 2025