Le 16 octobre 2024, le protocole d’objectifs et de moyens pour lutter contre la vie chère a été signé par l’Etat, la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM), les élus locaux, les distributeurs, les grossistes, les représentants des socioprofessionnels, le Grand port maritime et le principal transporteur (CMA-CGM). Il s’agissait de mettre en œuvre, pour le 2 janvier 2025, un “ensemble d’actions pour une période d’observation d’une durée de 36 mois, afin de faire baisser les prix de plus de 6 000 produits de consommation courante, essentiellement alimentaires, en Martinique” selon la préfecture.
Un rapport de contrôle des mesures mises en œuvre a été publié le 24 avril. Il a été réalisé par la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) à l’issue des vérifications et contrôles réalisés aux niveaux national et local (DEETS – pôle Concurrence, consommation et répression des fraudes).
Il indique : “Les prix des produits concernés ont connu une baisse de 8,4 % en moyenne pour les trois distributeurs intégrés dans l’analyse. Les baisses de prix concernent plus de 81 % des références : 5 % ont eu un prix stable et environ 14 % ont eu un prix en hausse. Aucune des 54 familles douanières de produits n’a connu de hausse significative de prix. À noter qu’en raison de l’effet stock existant en janvier, certains produits achetés avant le 18 décembre 2024, date d’entrée en vigueur de la mise à zéro de l’octroi de mer, n’ont pas bénéficié de ladite mesure.” Cette baisse de 8,4 % est censée représenter la mise à zéro de l’octroi de mer sur 54 familles de produits et la baisse des marges des distributeurs.
Cependant, il a été précisé que “afin d’apprécier la baisse des prix pratiqués à compter du 2 janvier 2025 pour les 54 familles de produits bénéficiant d’un octroi de mer à zéro et du gel du taux de marge pour les hypermarchés et supermarchés, la DGCCRF s’est assurée que les prix n’avaient pas précédemment été augmentés au cours des six mois précédant la signature du protocole. Il n’a pas été relevé de hausse notable entre 16 octobre 2024, date de signature du protocole, et son entrée en vigueur”.
Toutefois, il va falloir faire attention aux données du mois de mars qui, normalement, devront intégrer la mise à zéro de la TVA.
Seuls 3 distributeurs sur les 7 signataires du protocole sont pris en compte dans les analyses dans ce premier bilan. Il s’agit des groupes SAFO, Créo et GBH ayant des parts de marché régionales, d’après la CCIM respectivement de 15%, 16% et 28%. Les autres distributeurs signataires, un hypermarché et trois supérettes, n’ont pas pu transmettre dans les délais l’intégralité des données attendues. Il s’agit des groupes : PARFAIT, PAMPHILE, un magasin affilié au groupe SAFO (enseigne Carrefour Express) et Sainte-Claire. Le groupe PARFAIT a transmis l’ensemble des données, mais hors délais pour une intégration dans ce bilan.
Les produits du protocole représentent 11 % de la totalité des références proposées en magasins, soit 16,5% de leur chiffre d’affaires total.
Beaucoup de consommateurs martiniquais disent ne pas avoir observé de différences sur leur ticket de caisse. Ils attendent logiquement davantage.
Il avait été promis une baisse de 20 %. Il reste donc à intégrer la baisse votée de la TVA sur 69 familles de produits ainsi que la réduction des frais d’approche et la négociation des tarifs export devant être réalisés par l’Etat. Le ministre des outre-mer Manuel Valls a pris l’engagement de mettre en place “une loi vie chère” avant la fin du 1er semestre 2025, en substitution des projets adoptés par l’assemblée nationale et le Sénat.
Va-t-il réinstaurer le contrôle des prix et l’encadrement des marges en plus du renforcement de la concurrence ? La lutte contre la vie chère nécessite également la transformation du modèle économique martiniquais, est-il besoin de le rappeler ?
J-PM