Les vœux des personnalités martiniquaises reflètent la situation de crise sociale quʼa traversé notre pays en 2024 et la nécessité de réagir en changeant la manière de diriger nos affaires. Bien sûr, les options défendues sont différentes suivant les orientations politiques, mais il nous semble quʼune prise de conscience sʼest opérée sous la pression des évènements. Un congrès est convoqué en février.
En effet, le très officiel Institut dʼémission des DOM vient de confirmer que le ralentissement économique sʼest installé en Martinique en 2024. Et la question se pose : va-t-on vers une récession, cʼest-à-dire une chute de lʼéconomie et de lʼemploi en 2025 ?
Le budget 2025 de la CTM est en baisse malgré lʼaugmentation de la dette. La plupart des ressources fiscales propres liées à lʼactivité martiniquaise sont en retrait.
En attendant, une première baisse des prix de 8 % en moyenne sur 6 000 à 7 000 produits de grande consommation a été annoncée par la grande distribution en utilisant la mise à zéro de lʼoctroi de mer par la CTM et en y adjoignant, est-il claironné, une réfaction des marges de distribution. La suite pour aller à la baisse de 20 % promise et qui relève de lʼÉtat, cʼest quand ?
Serge Letchimy a enfin reconnu dans ses vœux 2025 que la CTM ne dispose dʼaucuns pouvoirs en la matière. Cʼétait une clarification indispensable après des années de vèglaj. LʼÉtat français doit prendre ses responsabilités. Cependant, la France est en crise politique. Le gouvernement doit faire face à la catastrophe de Mayotte et prendre des lois dʼexception selon Bayrou et Valls. Or la crise sociale en Martinique est aussi sociétale. Elle nécessite des dispositions dʼurgence immédiates et, plus fondamentalement, dʼengager la refondation de notre modèle de développement.
Il convient de réduire les inégalités sociales et de maitriser la formation des prix. Il est clair que nous devons réviser notre mode de consommation instillé par l’économie capitaliste et coloniale dominante si on veut refonder notre économie et la rendre moins dépendante.
Dans ses vœux pour 2025, Alfred Marie-Jeanne exhorte : “Ayons l’audace de nous révolter sans autodestruction”. Cʼest le bon sens populaire. Il est vrai que les violences urbaines à répétition ne mènent nulle part et favorisent lʼimmobilisme.
Lʼancien président de la CTM et leader du MIM demande un “référendum d’autodétermination” parce quʼil faut “plus de responsabilités et plus de dignité”.
Effectivement, en ce début de 2025 le pays est au pied du mur. Nous, au PCM, nous pensons quʼil faudrait enclencher un processus type Convention du Morne-Rouge pour lʼAutonomie.
Dans le contexte actuel, les Martiniquais devront se mobiliser eux-mêmes pour que le pays avance. En vérité, nous devons dépasser le temps présent et nous projeter dans notre avenir.
Nous avons à nous servir des défis actuels comme stimulants du progrès de notre société. Car notre peuple détient des ressources importantes tant au plan économique quʼau plan moral et nous avons les capacités de les mobiliser.
En ce mois de janvier, la lumière donnée par les exemples dʼAndré Aliker et Armand Nicolas que nous allons célébrer samedi prochain peut guider nos pas.
Courage, volonté et ténacité ont toujours permis au peuple martiniquais de surmonter les moments difficiles.
Michel Branchi
6/01/2025