La gauche, les forces de progrès ont repoussé la vague brune de lʼextrême droite. Et il faut sʼen réjouir pleinement.
En Martinique et dans les pays dits dʼoutre-mer les peuples ont très majoritairement senti le danger existentiel de lʼarrivée au pouvoir en France du néofascisme lepéniste. Ils ont compris que Bardella et Marine Le Pen au gouvernement en France, cʼest plus de racisme, plus de mépris colonial à lʼégard de nos cultures et de nos patrimoines, la démolition de lʼoctroi de mer au nom de la lutte contre la vie chère et la déchéance de nos collectivités territoriales, plus de sous et mal-développement et de dépendance économique et alimentaire, plus de répression contre les luttes des travailleurs, etc.
Nʼayons garde de savoir que des graines de fascisme ont quand même été plantées dans notre pays. Le Rassemblement national a trouvé des compatriotes assez indignes ou inconscients pour lui servir de marche-pieds. Cʼest vrai que la colère est grande contre le mal-vivre, les inégalités sociales considérables, les injustices inadmissibles, lʼarrogance des puissants et de certaines élites autoproclamées, les inconséquences coupables de certains de nos élus. Et cela alimente lʼillusion quʼavec le Rassemblement national cela irait mieux. Cʼest un mirage trompeur et une illusion quʼil faudra encore déchirer.
Les trois députés sortants se réclamant du Nouveau Front populaire ont été réélus. Que Marcellin Nadeau, Jiovani William et Jean-Philippe Nilor soient félicités, même si nous avons quelques divergences avec certains dʼentre eux comme Jean-Philippe Nilor qui a trouvé le moyen de valoriser lʼaction de Johnny Hajjar battu.
Mais ce qui sʼest passé à Fort-de-France avec lʼélimination de Johnny Hajjar par Béatrice Bellay constitue un véritable séisme politique. Il faut, bien sûr, saluer le talent et la combativité de la Secrétaire de la Fédération socialiste de la Martinique. Elle a su capitaliser le besoin de changement qui existait à Fort-de-France par notre action de “Fok Sa chanjé Fodwans” avec Francis Craole , la défiance et la réprobation grandissantes à lʼégard de la gestion municipale du PPM et plus globalement sans doute de la manière dont les affaires du pays sont dirigées de manière dangereuse par le clan au pouvoir à la CTM. Quʼelle en soit félicitée.
Nous nʼoublions pas, en outre, quʼelle sʼest engagée à défendre le programme du Nouveau Front Populaire : lutte contre la vie chère, augmentation du smic et des salaires, abrogation de lʼallongement de lʼâge de départ à la retraite de 62 à 64 ans plus discriminatoire en pays dits outre-mer quʼen France, etc.
Nous ne mettons surtout pas de côté les engagements du Nouveau Front Populaire sʼagissant de ces pays dits dʼoutre-mer sur le développement et spécifiquement de lʼévolution statutaire vers plus dʼautonomie pour sʼattaquer à créer un nouveau modèle de développement.
Nous citons : “Organiser un congrès général des territoires éloignés et insulaires pour établir un plan d’action partagé pour l’égalité et l’autonomie dans les Outre-mer sur la base des cahiers de revendications et des “plans pays” et la mise en place d’un plan quinquennal d’investissement”.
La question institutionnelle est centrale dans notre pays, quoiquʼon dise.
La gauche française qui arrive devant est face à une immense responsabilité. Elle doit regarder lucidement ce résultat et aurait tort dʼoublier trop rapidement que lʼextrême droite continue de progresser avec célérité en France et chez nous.
Lʼextrême droite qui rêvait dʼavoir les mains entièrement libres pour honnir, faire taire, trier, hiérarchiser, condamner ou expulser est battue.
Lʼextrême droite nourrit les haines et les rancoeurs sur fond de misère et de colère sociales, de peur du déclassement dans des territoires où la République française de 1789 recule en même temps que les services publics. Elle nourrit le peuple de théories fumeuses et complotistes comme celle du “grand remplacement”, trompe celles et ceux qui refusent ce système économique et politique capitaliste en faisant mine de se placer à leurs côtés pour, en réalité, le verrouiller.
Dans le même temps, le capital veut reprendre tout ce quʼil a dû céder dans un rapport de force : salaires, retraites, protection sociale.
Les communistes, ici comme en France, opposés depuis toujours à la Ve République et à lʼhyper-présidentialisation de la vie politique, doivent, avec dʼautres, porter lʼurgence dʼune nouvelle République pour la bâtir véritablement sociale, démocratique, laïque, féministe, écologique et décolonisée pour les peuples des pays dit dʼOutremer.
Aujourdʼhui, cʼest le début dʼun combat, qui doit sʼenvisager sur le long terme. Tout commence ! Nous devons nous appuyer sur cette victoire électorale pour reprendre la bataille idéologique et culturelle.
Il est donc urgent de regagner cette bataille dʼidées.
Justice, journal à lʼhistoire longue de 104 ans, va y consacrer toutes ses forces dans les prochains mois.
Nous voulons être utiles, à notre place, en nʼétant pas simplement des spectateurs ou des commentateurs mais des acteurs de cette révolution des idées pour regagner le coeur et les esprits de tout notre peuple.
Michel Branchi
Édito : Lundi 8 Juillet 2024