Alors que le gouvernement français patauge dans les marécages du Parlement français pour faire adopter un budget pour l’année 2026 qui vient, le Lundi 8 décembre, la première réunion de négociation entre une délégation du congrès des élus et le gouvernement de France a eu lieu en visioconférence.
Du côté des élus martiniquais, on retrouvait notamment le président du conseil exécutif, le représentant du président de l’Assemblée de Martinique, les parlementaires, les délégués des groupes politiques de cette assemblée, le Cesecem.
Du côté du gouvernement français étaient représentés la ministre de l’Outre-mer, les représentants du Premier ministre et du Président de la République.
Selon la CTM, “l’agenda acté prévoit la rédaction et la signature, au cours du mois de janvier 2026, d’un accord-cadre entre l’État et les élus de Martinique qui définira les grands principes et les thématiques prioritaires”.
A noter que la ministre de l’Outre-mer Naïma Moutchou a souligné l’unanimité des élus martiniquais : “Au regard de l’avancée du projet martiniquais et de l’unanimité des élus sur son principe, les travaux peuvent désormais commencer. Les discussions se dérouleront sur la base du projet porté unanimement par les élus martiniquais, qui inclue l’étude d’un statut spécifique(…)”. C’est donc cette unanimité politique qui empêché que cette négociation soit renvoyée aux calendes grecques pour raisons budgétaires.
Plusieurs élus se sont félicités de la bonne tenue de cette réunion et des décisions qui en sont sorties.
Il faut rappeler que la Résolution du Congrès des élus du 8 octobre 202 proclamait : “Article 1 : Le Congrès appelle de ses vœux la domiciliation locale d’un pouvoir normatif autonome en Martinique, condition d’une autonomie réelle dans la République, permettant d’adapter et d’édicter des normes différentes du droit commun”.
Daniel Marie-Sainte du Gran Sanblé et membre du MIM a souligné en particulier suite à cette réunion : “Nous avons admis que notre histoire puisse avoir une étape, c’est pour ça que nous avons eu un point de rencontre avec les autonomistes. Nous sommes arrivés à un consensus(…)”.
Un accord cadre pourrait être signé en janvier 2026, selon la CTM.
Contrairement aux Cassandres qui prétendent que les élus ne se préoccupent que d’accroître leurs pouvoirs, le Congrès a fait le lien entre les pouvoirs nouveaux recherchés et les défis auxquels notre pays est confronté.
Citons en un certain nombre sans être exhaustif : “la préservation, la valorisation et l’exploitation de la biodiversité terrestre et marine ; la maitrise des outils locaux d’attractivité financière ; la coopération internationale et l’intégration dans la région ; l’accès aux soins ; l’enseignement de l’Histoire et de la culture Martiniquaise à l’école ; l’apprentissage et la reconnaissance du créole ; l’accès au logement, la maitrise du foncier constructible et du foncier agricole ; la maitrise des principaux leviers de développement économique et agricole ; l’accès au foncier et aux ressources énergétiques martiniquaises ; l’accès à l’emploi ; la maitrise de la démographie ; la maitrise de l’énergie”, etc, etc.
Cette manière de procéder rejoint celle qui avait été mise œuvre par la Convention du Morne-Rouge de 1971.
D’autant que nous avons le sentiment qu’avec le budget des Dom de 2026 nous sommes parvenus à un tournant de la politique traitant le mal et sous-développement par des transferts publics et sociaux. C’est ce que démontre de façon pertinente l’étude de Mireille Pierre-Louis que nous avons citée dans notre dernier numéro.
Il en ressort, pour nous, que nous devons changer de modèle économique et donc acquérir les outils humains, juridiques et fiscaux pour refonder le pays.
Pour que le pouvoir français entende raison, il est essentiel de maintenir l’unité martiniquaise. Il faudra également faire reculer chez nous les prophètes de malheur qui ne veulent rien changer en agitant, comme toujours, la peur de la perte des acquis ou conquis sociaux.
An nou maré ren nou !
Michel Branchi

