La Martinique est à un tournant pour le narcotrafic, selon le sénateur Jérôme Durain

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Jérôme Durain, sénateur de Saône-et-Loire

Le sénateur de Saône-et-Loire, Jérôme Durain, président de la commission d’enquête sur “l’impact du narcotrafic en France et les mesures à prendre pour y remédier” qui a remis son rapport le 14 mai 2024, a donné une interview à France-Antilles le 7 janvier 2025 sur cette question cruciale. Il nous paraît utile d’en extraire des informations pour nos lecteurs vu l’importance de ce sujet du narcotrafic pour l’évolution de notre société.

FA : La Martinique est souvent décrite comme une zone de transit pour le trafic de stupéfiants. Quelles mesures concrètes préconisez-vous pour protéger notre territoire et nos jeunes face à ce fléau ?

Jérôme Durain : (…) C’est le premier point : il se passe quelque chose de fort et de très inquiétant autour du narcotrafic, et nous devons réagir. Très concrètement, il y a une dimension de moyens dans la réponse. Ces moyens incluent la surveillance du territoire, des moyens aéromaritimes, une brigade nautique, des outils technologiques pour éviter l’intrusion de produits stupéfiants sur le territoire, ainsi que des dispositifs de surveillance dans les zones portuaires et aéroportuaires. On parle de scanners, de contrôles des mules, car on sait qu’il y a un report des mules qui passaient auparavant par la Guyane, directement de Félix-Éboué à Orly, et qui passent désormais par les Antilles. C’est donc un ensemble de dispositifs, à la fois technologiques et humains, ainsi qu’une priorité politique, qu’il faut accorder à la lutte contre le narcotrafic. Et bien sûr, tout cela nécessite des moyens financiers conséquents.

FA : Le Procureur Général de Guadeloupe a récemment tenu des propos alarmants. Il met en garde contre la mainmise croissante des gangs de narcotrafiquants sur la société guadeloupéenne (ce que nous pouvons transposer à la Martinique). Il considère que ces bandes se structurent de plus en plus comme des organisations mafieuses. Sommes-nous vraiment à un tournant ?

Jérôme Durain : Oui, nous sommes à un tournant. Un tournant partout, du fait de l’abondance du produit. Il y a un sujet spécifique lié à la cocaïne, à son abondance, et au fait que le marché américain est devenu moins intéressant que le marché européen en raison du fentanyl. Cela entraîne un report de la consommation vers l’Europe, plaçant ainsi la zone de transit Antilles-Guyane au cœur de notre priorité d’action, car l’argent produit partout les mêmes effets : des effets de corruption(…).

FA : Cette conférence intervient dans un contexte où les autorités locales alertent sur une recrudescence des saisies de drogues en Martinique. Comment expliquez-vous cette tendance ?

Jérôme Durain : Par une hausse de la production de cocaïne. Nous sommes très proches des zones de production. Il y a aussi un effet de report suite à l’installation des scanners en Guyane. On constate que les mules, qui étaient plusieurs dizaines par avion, ne partent plus de Guyane, mais se redirigent vers les aéroports de Martinique et de Guadeloupe. La logique de saturation adoptée par les criminels exploite tous les moyens et vecteurs possibles (aériens, maritimes, conteneurs, plaisanciers) et utilise toutes les techniques d’acheminement des produits stupéfiants vers l’Europe. Cela fait de la Martinique une zone de transit particulièrement stratégique dans l’approche géopolitique adoptée par les narcotrafiquants pour gérer leur business.

“J”

Ndlr : Par conséquent, il ne faut pas sous-estimer le rôle de ce trafic dans la montée de la violence et de la criminalité dans notre pays. La Martinique est à un tour

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