Selon lʼIEDOM, lʼactivité est en baisse en Martinique dans plusieurs secteurs
Le ralentissement se poursuit
L’Institut d’émission des Dom de Martinique a publié le 6/12/2024 un communiqué sur les tendances de la conjoncture économique au 3ᵉ trimestre de 2024, c’est-à-dire de juillet à septembre. Diagnostic : poursuite du ralentissement déjà signalé par Justice n° 38 du 19/09/2024 et n°41 du 10/10/2024.
Ci-après un résumé commenté. L’Iedom a également publié sa note de conjoncture du 3ᵉ trimestre 2024. (06/12/2024) “Au troisième trimestre de l’année 2024, l’indicateur du climat des affaires (ICA) s’établit à 96,1 points, un niveau en deçà de sa moyenne de longue période (100). Il recule de 2,3 points par rapport au deuxième trimestre, ce qui traduit une poursuite du ralentissement amorcé depuis le début d’année. Les perspectives sont orientées plutôt négativement et sont d’autant plus incertaines que le mouvement de protestation contre “la vie chère” affecte le climat social et la visibilité des acteurs économiques depuis le début du mois de septembre. Les entreprises évoluant dans les secteurs du commerce et de la restauration ont été particulièrement impactées par les événements (barrages, pillages) et par les restrictions qui en découlent (1ᵉʳ couvre-feu le 18 septembre et renouvelé à plusieurs reprises), générant des baisses sensibles de l’activité. Le tissu économique dans son ensemble est fragilisé par les exactions commises en marge du mouvement : 142 entreprises ont été pillées ou incendiées selon un premier bilan de la Chambre de commerce et d’industrie de la Martinique. Au-delà de l’impact immédiat, les conséquences pourraient se faire ressentir à moyen terme sur l’attractivité du territoire. La confiance des chefs d’entreprise est fragilisée et ils sont 13 % à craindre une défaillance de leur entreprise dans les douze prochains mois, un chiffre en progression par rapport aux trimestres précédents. À fin septembre, le nombre de défaillances d’entreprises progresse de 2,1 % en cumul sur un an. Pour autant, à ce stade, le solde d’opinion sur l’emploi ne se dégrade pas et la consommation semble se maintenir. Par ailleurs, la hausse des prix s’est repliée, et les conditions monétaires ont commencé à se détendre dans le sillage de la baisse des taux directeurs de la BCE entamée en juin 2024. Le taux moyen des crédits à l’habitat recule en Martinique au troisième trimestre et s’établit à 3,70 % (-16 points de base entre avril et juillet), après deux années de hausses successives”. Voyons le détail de ces analyses.
1/ Ralentissement de l’inflation
En glissement annuel, les prix à la consommation augmentent de +2,4 % en septembre (+1,1 % pour la France), contre +3,2 % à fin juin, confirmant le ralentissement de l’inflation.
2/ Pas d’évolution notable sur le marché du travail
Au troisième trimestre, le nombre de demandeurs d’emploi (A, B, C) diminue légèrement (-0,1 %, CVS), après la légère hausse enregistrée au deuxième trimestre. Il ressort à 41 720 (CVS). Pour pallier aux conséquences de la mobilisation contre la “vie chère”, la direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DEETS) a mis en place un dispositif d’emploi partiel pour les entreprises. La DEETS a indiqué que 127 entreprises avaient effectué des demandes de chômage partiel (données à fin octobre) pour un total de 1200 salariés (ce qui représente 1,3 % de l’emploi privé en Martinique).
3/ La consommation se maintient
La consommation, bien qu’en partie contrainte par le mouvement social qui a débuté le 1ᵉʳ septembre (barrages, couvre-feu) se stabilise. Les recettes de TVA progressent légèrement (+0,6 %, CVS) et celles d’octroi de mer sont en baisse (-0,9 %, CVS) au 3ᵉ trimestre. Sur les 9 premiers mois, elles s’inscrivent en hausse (respectivement +2,4 % et +4,4 %), soit un niveau proche de la hausse des prix (2,3 % sur un an).
4/ La dynamique d’investissement s’essouffle
Les importations de biens d’investissement sont en baisse (- 6,8 %, CVS, sur le trimestre) tout comme les immatriculations de véhicules utilitaires (-4,8 %, CVS, sur le trimestre, et -12,6 %, CVS, sur un an).
5/ Hors produits pétroliers, le déficit commercial se réduit légèrement
Au troisième trimestre, les importations hors produits pétroliers reculent de 1,0 % (CVS) et les exportations hors produits pétroliers baissent de 5,9 % (CVS). En conséquence, le déficit commercial hors produits pétroliers se réduit légèrement (-0,5 %, CVS). De fait, le déficit commercial total se creuse de 1,1 % (CVS) sur le trimestre. Les exportations totales diminuent (-6,6 %, CVS), alors que les importations totales sont relativement stables (+0,1 %, CVS).
L’activité en baisse dans une majorité de secteurs
- Secteur agricole et des industries agroalimentaires : activité de nouveau en baisse sur le trimestre. Concernant la campagne cannière 2024, les tonnages de cannes broyées sont plutôt stables par rapport à 2023 (-1,1 % en 2024 par rapport à 2023).
- Secteur des autres industries : activité est également en baisse.
- Secteur du BTP : forte dégradation au troisième trimestre. Ventes ciment en baisse de 9,1 % sur le trimestre. Logements commencés : baisse de 46 %. Logements autorisés : baisse de 19 %. Délais de paiement : la situation se détériore. Effectifs : en repli sur le trimestre.
- Secteur du commerce : l’activité des entreprises fléchit. Le secteur a été particulièrement impacté par les exactions commises en marge du mouvement contre la “vie chère” en fin de trimestre.
- Secteur des services aux entreprises : activité stable ce trimestre, après plusieurs trimestres de baisse.
- Secteur de l’hôtellerie/tourisme : l’activité serait en progression d’après l’enquête de conjoncture. Pourtant, nombre de nuitées hôtelières en baisse (-5,2 %, CVS, sur le trimestre), et nombre de passagers à l’aéroport en diminution légère (-0,8 %, CVS). Il est certain que les données du 4ᵉ trimestre 2024 seront observées avec attention. On craint une récession en Martinique.
A.G