Plus dʼun millier de prisonniers palestiniens pourraient être libérés
Ce que l’on sait de l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages conclu entre Israël et le Hamas
Un accord sur Gaza entre Palestiniens et Israéliens a enfin été trouvé. Après moult hésitations, il a été finalisé par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. Sa mise en application à compter du dimanche 19 janvier devrait entraîner la libération progressive de plusieurs dizaines de prisonniers israéliens et palestiniens. Mais la prudence reste de mise, d’autant que Netanyahou continue de multiplier les obstacles à son application.
L’accord aurait été finalisé au Qatar, mais la publication officielle a été annoncée ce mercredi par Donald Trump. Le groupe islamiste palestinien, le Hamas a expliqué dans un communiqué avoir tenu des consultations avec les dirigeants d’autres factions palestiniennes “où il les a informés des progrès réalisés dans les négociations en cours” dans la capitale qatarie, ajoutant que la conclusion de l’accord “a atteint sa phase finale”. De son côté, le Djihad islamique, qui détient également des prisonniers palestiniens, a annoncé l’envoi d’une délégation.
Mettre fin aux combats
Depuis seize mois, le Qatar, l’Égypte et les États-Unis travaillent pour négocier un accord de cessez-le-feu visant à mettre fin à la guerre et à garantir le retour des prisonniers israéliens. Leurs efforts n’ont jusqu’à présent abouti qu’à une seule percée : une trêve d’une semaine en novembre 2023, au cours de laquelle 80 otages israéliens et une vingtaine d’autres ont été libérés en échange de près de 250 prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. Dans un discours prononcé le lundi 13 janvier, Joe Biden avait fait savoir que l’accord “mettrait fin aux combats, assurerait la sécurité d’Israël et nous permettrait d’augmenter considérablement l’aide humanitaire aux Palestiniens qui ont terriblement souffert dans cette guerre déclenchée par le Hamas”.
Une déclaration très optimiste, mais qui montre une nouvelle fois le parti pris états-unien. Donald Trump, qui a pris ses fonctions le 20 janvier, a laissé entendre le mardi 14 janvier que les négociations visant à obtenir la libération des otages détenus à Gaza avait abouties à un accord imminent.
Un accord qui aurait pu être conclu bien avant
Dans une interview accordée à Newsmax, Trump avait indiqué que les parties impliquées étaient “très proches d’y parvenir”. Mais le milliardaire avait aussi une nouvelle fois prévenu : “S’ils ne le font pas, il y aura beaucoup de problèmes là-bas – beaucoup de problèmes comme ils n’en ont jamais vu auparavant. Ils le feront”. Il a ajouté que, selon ce qu’il avait compris, “il y a eu une poignée de main” et qu’un accord “pourrait être conclu peut-être d’ici à la fin de la semaine”. Or de nombreux observateurs ont fait remarquer que cet accord aurait en réalité pu être conclu depuis de longs mois. “Nous avons perdu plus de six mois uniquement à cause de l’égoïsme de Netanyahou, qui n’a cessé de tergiverser et de saper l’accord en permanence”, dénonce Moustafa Barghouti, à la tête de l’Initiative nationale palestinienne, mouvement se réclamant de la gauche palestinienne, et membre de la direction de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). “Des milliers de vies auraient été sauvées s’il avait permis la mise en œuvre de cet accord, y compris la vie de nombreux prisonniers israéliens, tués par les bombardements de leur propre armée”. De fait, Netanyahou accepte maintenant un accord qu’il aurait pu signer cet été. “Mais les otages malades qui pourrissent dans des tunnels privés d’oxygène depuis quinze mois et les plus de 120 soldats israéliens tués depuis qu’il a refusé un précédent accord sont le cadet de ses soucis. Voilà qui il est et ce qu’il est”, écrit le quotidien israélien d’opposition Haaretz. Benyamin Netanyahou a préféré attendre l’intronisation de son ami Trump, tout en étant sous la pression de celui-ci, soucieux d’arriver à la Maison-Blanche avec une telle réalisation à son actif.
Présence ou non de l’armée israélienne
Un responsable israélien a déclaré que les négociations étaient à un stade avancé pour la libération, dans un premier temps, de 33 des 98 captifs dans le cadre de l’accord, a rapporté Reuters. Parmi les libérés, des enfants, des femmes, des hommes de plus de 50 ans et des personnes blessées ou malades. Selon The New Arab, le 16e jour de la trêve, les négociations débuteront sur la deuxième étape au cours de laquelle les captifs encore vivants – soldats de sexe masculin et hommes en âge de porter les armes – pourront être libérés. Au cours de cette étape, les corps des captifs morts seront également restitués. Quid de la présence des soldats israéliens à Gaza après la libération des prisonniers ? Une question importante qui n’est pas encore tranchée. Un désengagement progressif pourrait avoir lieu d’abord au sud, avec certains arrangements dans le corridor Philadelphie, cette bande qui sépare Gaza de l’Égypte. Les Gazaouis déplacés pourraient alors être autorisés à rentrer dans le Nord après un contrôle visant à vérifier qu’aucune arme n’est transportée. Autant d’informations à prendre avec précaution. Plus d’un millier de prisonniers palestiniens pourraient ainsi être libérés. Parmi eux, ceux âgés de plus de 60 ans et condamnés à des peines de prison à vie. Marwan Barghouti et Ahmed Saadat, le secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), pourraient ainsi retrouver la liberté. Mais Israël a déjà prévenu que ce type de prisonniers ne pourraient pas rester en Cisjordanie. Hani Al Masri, directeur de Masarat, le Centre palestinien d’études stratégiques, met en garde “contre un optimisme excessif”, car “Benyamin Netanyahou peut encore tout saboter”. Dans la seule journée du mardi 14 janvier, vingt Palestiniens ont encore trouvé la mort dans des bombardements israéliens.
GE