Grève au CHU de Martinique : Force Ouvrière santé réitère sa demande de moyens

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Le mercredi 26 juin 2024, le syndicat Force Ouvrière santé(FO) a bloqué tous les accès à l’hôpital pour dénoncer une série de dysfonctionnements et un manque criant de moyens au sein de l’hôpital. Selon le syndicat, les problèmes affectent non seulement le pôle central à Fort-de-France, mais également d’autres sites, comme celui de Trinité, où les urgences risquaient la fermeture pendant les vacances. Ce dernier point de revendication devrait être soulevé après une réunion avec la direction, le 27 juin.

Des moyens insuffisants malgré le plan “hôpital en tension”

Le “plan hôpital en tension”, mis en place par la Direction depuis le 13 mai 2024, n’a pas apporté les améliorations espérées. Selon le syndicat, les conditions de travail restent extrêmement difficiles, ce qui compromet la qualité des soins offerts aux patients. Jean-Pierre Jean-Louis, secrétaire général du syndicat Force Ouvrière santé, exprime une profonde inquiétude : “La situation est tendue… elle est plus que tendue”. Il poursuit : “On annonce la fermeture des urgences de Trinité fin juillet début août prochain, ce qui est inconcevable, pour une population qui sera multipliée par X durant les vacances, donc on se demande comment on va faire”.

Des infrastructures en dégradation

Le syndicat met en avant plusieurs dysfonctionnements majeurs. Selon lui, les ascenseurs du CHU ne fonctionnent pas correctement, entravant la fluidité des déplacements des patients entre les blocs opératoires, la radiologie et les consultations. “Nous sommes là aujourd’hui, après avoir déposé un préavis de grève depuis le 15 mai. Nous sommes le 26 juin, on n’a pas eu de retour de l’administration, aujourd’hui on a décidé de passer à l’action, parce que la situation devient plus que critique”, explique Jean-Pierre Jean-Louis.

Des pénuries et des conditions de travail déplorables

Le manque de moyens se traduirait également par des pénuries de fournitures médicales. Le CHU, confronté à des problèmes financiers, peine à payer ses fournisseurs, ce qui entraîne des retards de livraison affectant directement les patients, selon Jean-Pierre Jean-Louis qui déplore : “On n’a pas les moyens, on n’a pas de lits ! Est-ce qu’ils vont fermer les blocs opératoires à nouveau, puisqu’on n’arrive même pas à opérer convenablement en orthopédie et traumatologie ?” Les conditions à la morgue seraient également préoccupantes : “Aujourd’hui, on constate aussi qu’à la morgue, même nos morts, on ne peut pas les réfrigérer normalement, je n’ai pas honte de le dire. La centrale de la climatisation est en panne, donc on a d’énormes difficultés à faire les autopsies”.

Des pratiques discriminatoires dénoncées

Le syndicat dénonce des pratiques discriminatoires envers le personnel martiniquais. Le secrétaire général FO explique que les employés venant de métropole bénéficieraient de contrats plus avantageux, tandis que les locaux se voient attribuer des contrats de catégorie inférieure. Cette discrimination se manifeste également dans les opportunités de formation, selon lui : “Nous avons deux collègues qui devaient partir en formation d’ambulanciers. Il y en a une de métropole, ça fait six mois qu’elle est là. L’autre, ça fait cinq ans qu’il est en poste. On trouve le moyen de donner la possibilité à celle qui vient de métropole la priorité pour partir en formation”.

Un appel à l’égalité et au respect

La colère et la frustration du personnel sont palpables. Le syndicat demande que tous les employés soient traités équitablement et que des mesures urgentes soient prises pour améliorer les conditions de travail. “Mais aujourd’hui, c’est un ras-le-bol général. On ne peut pas travailler convenablement et c’est pour ça qu’on est debout et puis c’est un manque de respect par rapport à des gens qui disent qu’ils partagent un dialogue social”, conclut Jean-Pierre Jean-Louis.

Une solution envisagée pour éviter la fermeture des urgences de Trinité

Après une journée de mobilisation, la direction du CHUM a reçu le syndicat le 27 juin à neuf heures. Le personnel FO Santé s’y est rendu en opération molokoy, bloquant ainsi la circulation sur l’autoroute en partant du sud, direction le CHU, le jeudi matin tôt.

Selon le syndicat, tous les points de revendication n’ont pas pu être évoqués, mais des solutions devraient être trouvées, pour éviter la fermeture des urgences de l’hôpital de Trinité aux mois de Juillet et aout : “Un contrat s’est mis en place avec les médecins militaires, les médecins du CHU, les chefs de Pôle et responsables de services, afin de permettre à chacun de pouvoir prendre les gardes, parce qu’il y a des médecins qui vont partir en congé et il va falloir que la solidarité se joue entre eux pour éviter de fermer les urgences de trinité”.

L’UGTM appelle à la mise sous tutelle du CHUM

De son côté, dans un communiqué teinté de dérision intitulé “AU CHUM tout va bien ! ALERTE ROUGE n°2”, l’UGTM Santé demande la mise sous tutelle du CHUM, accusant la direction actuelle de mauvaise gestion et de mise en danger des patients : “Il va falloir à un moment arrêter de jouer avec la santé et la vie des Martiniquais. Il y a des avions qui prennent leur envol tous les jours vers vos destinations d’origine. Il est temps, comme le disait Camille DARSIERES, de plier bagage tout doucement. Et puis retirez-vous !” Le communiqué, signé par Serge Aribo, secrétaire général, souligne l’urgence d’une intervention pour remédier à la situation critique du CHU de Martinique.

C.H

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