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Selon le site INFO OUTREMERS 360, généralement bien informé, Emmanuel Macron a nommé Frédéric Monlouis-Félicité et Pierre Égéa pour mener les consultations sur les évolutions institutionnelles en Outre-mer. La situation est donc en voie dʼêtre débloquée.
Il est rappelé que lʼannonce de ces nominations en avait été faite le 20 octobre dernier, alors que le chef de lʼÉtat recevait les élus dits “ultramarins” à lʼÉlysée. Emmanuel Macron sʼétait engagé à lancer une “période de consultation avec des experts mandatés” pour “rencontrer l’ensemble des élus, pour faire des propositions territoire par territoire”.
En octobre dernier, lʼÉlysée disait aussi vouloir “des personnalités qualifiées, avec une expérience politique et juridique et une connaissance des Outre-mer qui leur permette d’avoir un dialogue d’égal à égal avec les élus des différents territoires concernés et en même temps, une vision politique de l’État pour justement travailler dans notre Constitution”. Un bornage précis.
Selon Outre-mer 360, ces deux experts avaient toutefois été choisis depuis le mois de décembre. Donc avant la récente lettre de Serge Letchimy relaçant le président français.
Il nʼest pas inutile de se pencher sur le pédigrée des deux experts choisis par Élysée. Le site outre-mer 360 les présente comme suit :
Frédéric Monlouis-Félicité, saint-cyrien, lieutenant-capitaine, et titulaire d’un MBA de l’INSEAD, a débuté sa carrière en tant qu’officier au sein de lʼArmée avant de rejoindre le secteur privé. Il a dirigé l’Institut de l’entreprise, l’un des principaux think tanks français. Il a aussi été rédacteur en chef de la revue Sociétal (éditions Eyrolles) et jusquʼen 2023, cadre chez Vinci. Il a également été directeur général du Nouveau centre – UDI.
Docteur en Droit public, Pierre Égéa a été avocat avant de rejoindre lʼUniversité des Antilles et de la Guyane de 2002 à 2008. Il est notamment spécialisé en droit des collectivités territoriales, droit de lʼurbanisme et de lʼenvironnement, droit public des affaires ou encore, en droit constitutionnel et décentralisation. Les deux experts devront proposer des évolutions des institutions des cinq collectivités régies par lʼarticle 73 de la Constitution – la Réunion, Mayotte, Guyane, Guadeloupe et Martinique.
Le dit Appel de Fort-de-France demande de redéfinir les rapports des outremers avec la France. Vaste programme.
Or le débat institutionnel porte sur des choix différents dans ces pays.
La Réunion veut seulement supprimer lʼamendement Virapoullé à lʼarticle 73 interdisant les adaptations législatives dans ce territoire. Ils veulent le droit commun, rien que le droit commun.
À Mayotte les élus veulent plus dʼégalité avec la France. Ils en sont à 1946.
En Guyane le congrès des élus sʼest prononcé pour un article spécifique de la constitution instaurant lʼAutonomie de ce pays.
En Guadeloupe, semble-t-il, un accord sʼest réalisé pour une fusion région-département. La tenue dʼun Congrès est envisagée.
En Martinique, le Congrès des élus, boycotté par beaucoup dʼélus, a opté pour un pouvoir autonome régi par un nouvel article 73-1 de la constitution et lʼAssemblée de la CTM a entériné ce choix.
Il est clair que le débat institutionnel nʼest pas clos et quʼil va reprendre.
Il faut surtout convaincre notre peuple de la nécessité de disposer dʼun pouvoir martiniquais plus étendu pour refonder notre modèle économique, social et culturel. Les assimilationnistes de toujours tentent dʼopposer les problèmes dits concrets tels que lʼeau, les transports, les déchets, etc, et les questions institutionnelles. Or plus la crise frappe, plus le pouvoir doit être proche des peuples. Sans ignorer les centres de décisions extérieurs.
La réponse à ces diversions dʼarrière-garde est simple : le statut à conquérir doit nous donner collectivement la capacité dʼagir tant sur lʼimmédiat que sur le futur.
Le PCM propose la tenue dʼun nouvelle Convention du même type que celle du Morne-Rouge en 1971. Bien sûr, adaptée au temps présent.
Le sort de nos peuples ne doit pas dépendre seulement des analyses dʼexperts mandatés par le pouvoir français, même si leur éclairage peut être utile sʼil sʼaffranchit des dogmes colonialistes.
Prenons notre destin en mains !
Michel Branchi (21/01/2024)