En Martinique, la consommation d’espace liée à l’habitat augmente de 14,1 % entre 2010 et 2019 : Une évolution dangereuse.

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Pierre Emile Bidoux, chef de la division action régionale à l Insee et Frédéric Vaudelin, adjoint au chef d unité urbanisme à la DEAL

L’Insee (Institut de la statistique et des études économiques) et la DEAL (Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement) ont organisé le mardi 25 mars une conférence de presse pour présenter une étude sur la consommation d’espace liée à l’habitat entre 2010 et 2019 en Martinique. Insee Analyses Martinique No 77 du 25/03/2025 par Maurice Bilionière, Clara Kergall, Xavier Reif (Insee), Frédéric Vaudelin (Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement).
Dans les Droms, la loi “Climat et résilience” doit permettre de définir une trajectoire pour atteindre le “Zéro artificialisation nette” à l’horizon 2050. L’article 192 de la loi Climat et Résilience fixe une trajectoire nationale de sobriété foncière en 2 étapes :

  • D’ici à 2031 : diminution d’environ 50 % du rythme de consommation d’espaces naturels, agricoles, et forestiers par rapport au bilan des 10 dernières années (2011-2021).
  • D’ici à 2050 : Zéro Artificialisation Nette (ZAN) grâce à l’équilibre entre le total des surfaces artificialisées et renaturées.

Or, en Martinique, la consommation d’espace liée à l’habitat augmente de 14,1 % entre 2010 et 2019, dans un contexte de baisse de la population, mais de hausse du nombre de ménages. La diminution de la taille moyenne des ménages induit une augmentation du nombre de ménages et du nombre de logements. Sur cette période, la surface consommée par ménage supplémentaire est de 1 971 m². L’augmentation du nombre de logements vacants et de résidences secondaires explique également la progression du nombre de logements sur la période. Treize communes martiniquaises ont une consommation d’espace élevée au regard de l’évolution de leur nombre de ménages.
Ces surfaces sont majoritairement utilisées : pour développer l’habitat (88,8%), pour l’activité économique (6,1 %), à usage mixte (3,2 %). La Martinique figure parmi les départements français ayant les plus fortes augmentations de la consommation d’espace entre 2010 et 2019 (14,1%). La moyenne pour la France hors Mayotte est de 7,6 % sur la même période.

Le nombre de logements augmente malgré la baisse de la population en Martinique

La consommation d’espace reflète l’augmentation du nombre de logements créés entre 2010 et 2019. En effet, sur cette période, 19 870 logements supplémentaires sont dénombrés en Martinique (+10,2 %). Cette progression du nombre de logements est principalement portée par la baisse de la taille des ménages.
Si la population martiniquaise diminue sur la période (-7,5 %), le phénomène de décohabitation se poursuit. En 2019, les ménages sont composés de 2,2 personnes en moyenne contre 2,4 personnes en 2010. Cela entraîne une augmentation du nombre de résidences principales et donc de logements. La réduction de la taille moyenne des ménages explique l’essentiel (97 %) de l’augmentation du nombre de logements. Par ailleurs, les résidences principales sont essentiellement des maisons en Martinique (63,0 % du parc de logements en 2019 contre 55,2 % dans l’Hexagone). Ces logements sont généralement plus consommateurs d’espaces que les appartements, et leur nombre a augmenté de 6,6 % sur la période. En parallèle, le nombre d’appartements a également augmenté de 17 %. Ils représentent 37,0 % du parc de logements en 2019.

La vacance est le deuxième facteur expliquant l’augmentation du nombre de logements

Les logements vacants participent aussi à l’augmentation du nombre de logements. Entre 2010 et 2019, leur part augmente de 35,8 % et ils représentent 15,8 % du parc de logements en 2019. Ces logements occupent de l’espace lors de leur construction. En 2019, 22 % des logements vacants de Martinique n’ont pas accès à l’eau et 24 % à l’électricité. De plus, six logements vacants sur dix ont plus de trente ans. De nombreux logements sont abandonnés suite à des problèmes d’indivision ou de constructions inachevées.

Les ménages à la recherche d’un logement doivent donc se tourner vers d’autres options, ce qui entraîne finalement une demande accrue de nouveaux logements et une utilisation supplémentaire d’espace. L’accroissement du nombre de résidences secondaires et de logements occasionnels contribue aussi, mais dans une moindre mesure, à l’augmentation du parc de logements en Martinique. Entre 2010 et 2019, ceux-ci progressent de 53,4 %, soit 4 860 logements supplémentaires. Leur part dans le parc de logements passe de 4,7 % en 2010 à 6,5 % en 2019.

Treize communes ont une consommation d’espace élevée au vu de l’évolution de leur nombre de ménages

Le nombre de ménages augmente entre 2010 et 2019 dans 21 des 34 communes de Martinique. Treize d’entre elles (classe 1) présentent une consommation d’espace élevée au regard de l’évolution du nombre de ménages.

Une consommation d’espace élevée portée par les logements vacants et les résidences secondaires

Parmi les treize communes avec une augmentation de la consommation d’espace élevée au vu de l’évolution du nombre de ménages (classe 1), deux sous-groupes se distinguent : le premier présente une forte augmentation du nombre de logements vacants et concerne les communes plus excentrées du centre économique de la Martinique. Ce premier sousgroupe est composé de huit communes qui affichent une forte augmentation des logements vacants : +50 % entre 2010 et 2019 avec 2 826 logements vacants supplémentaires. Par conséquent, les logements vacants représentent 15,5 % du parc de logements dans ces communes en 2019 contre 11,8 % en 2010. Il s’agit, pour les plus excentrées, des communes du Vauclin, du Lorrain, de L’Ajoupa-Bouillon et du Marigot. Rivière-Salée, Saint-Joseph, Gros-Morne et Ducos sont relativement moins excentrées.
Le deuxième sous-groupe est composé de cinq communes. Ce sous-groupe est caractérisé par une forte augmentation du nombre de résidences secondaires et de logements occasionnels : + 79,2 % entre 2010 et 2019, avec 2 350 logements secondaires et occasionnels supplémentaires. La proportion de logements secondaires dans le parc de logements dans ces communes est passée de 9,4 % en 2010 à 15,4 % en 2019. Il s’agit des communes suivantes : Rivière-Pilote, Le Marin, Sainte-Luce, Le Robert et Sainte-Anne. Ces communes, bénéficiant d’activités et d’infrastructures touristiques sur leur territoire et aux alentours, disposent d’un contexte favorable au développement des résidences secondaires.

M.B avec Insee et Deal
(Insee Analyses Martinique n°77)

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