Pour faire le point sur notre actualité nous avons choisi pour notre édito de relever certains des sujets de préoccupation traités par ce numéro 48 de Justice.
Il convient de donner la première place à la Déclaration du général Fabien Mandon, chef d’Etat-Major des armées françaises, demandant “d’accepter de perdre nos enfants” pour faire la guerre en Ukraine pour une prétendue “menace russe”. Va-t-on envoyer notre jeunesse se faire massacrer pour l’extension de l’OTAN aux frontières russes ? Macron et l’Europe sont les premiers à refuser le plan de paix de Donald Trump. Nous devons souligner aussi, la récente réunion de la conférence des régions ultra-périphériques (RUP) à Bruxelles qui risque de voir l’Europe baisser les fonds européens sur la période 2028/2034. Or ces fonds sont présentés comme une compensation des effets négatifs de l’intégration de nos pays au grand marché européen, source de concurrence déloyale pour nos productions et d’accroissement sans fin de notre déficit commercial. De plus cette Europe contribue puissamment à notre fermeture économique au marché caribéen.
Nous sommes concernés également par le rejet massif par l’Assemblée nationale française du budget de la France 2026 qui entraine une lourde incertitude sur l’existence future d’un gouvernement (censure) en France et sur la dévolution de crédits pour les pays dits d’outre-mer. En tous cas, la loi contre la vie chère et la discussion sur l’évolution statutaire seront repoussées, voire compromises. Les finances de nos collectivités verront accentuer leur compression au détriment des administrés. Les orientations budgétaires 2026 de la CTM et de la Ville de Fort-de-France ont repris ces sombres prévisions. Tout cela en dépit des promesses mirifiques et démagogiques alignées en cette veille d’élections municipales. L’opinion martiniquaise en outre a été focalisée sur l’affaire Letchimy-Laguerre pour accusation de “détournement de fonds publics et recel” et la demande par l’accusation de peines sévères de prison avec sursis et d’inéligibilité. De facto, les élus les plus importants du pays sont sur la sellette. Décision en février 2026.
Pendant ce temps-là, l’insécurité ambiante poursuit sa progression : deux nouveaux meurtres la semaine dernière en lien peut-être avec le narcotrafic. La Martinique s’enfonce dans la violence et la peur. La décomposition de la société néocoloniale s’étale sous nos yeux. Il faut se reprendre fermement. Il n’empêche que la réalité capitaliste se rappelle à notre attention. Les organismes officiels Insee et Ministère des finances (Bercy) révèlent que, depuis 20 ans, la fortune de plus riches a accéléré son augmentation en France : les riches toujours plus riches et les pauvres toujours plus à la traine en raison de la politique libérale de Macron. Et ce phénomène est, sans doute, encore plus fort dans les pays dits d’outre-mer et en Martinique où les inégalités y sont supérieures et la concentration des fortunes plus forte.
Enfin, autour de nous, nous ne pouvons ignorer les menaces d’intervention militaire américaine contre le Vénézuéla et son président Nicolas Maduro, sous prétexte de lutte contre le narcotrafic, et la militarisation de la Caraïbe que ses nations désirent “zone de paix”. Les peuples de notre région doivent se dresser contre les prétentions scandaleuses de l’impérialisme yankeee.
Alors que faire ?
Au lieu de nous lamenter, nous devons faire bloc, nous rassembler pour changer la politique et refonder le pays en visant l’essentiel : développer la Martinique en arrachant les leviers d’action nécessaires pour soulager le mal-vivre de la majorité de notre peuple.
En définitive, question de justice sociale et de dignité face à nos défis.
Michel Branchi (24/11/2025)

