Déboulonnage des statues : Réflexion du Comité Devoir de Mémoire

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Le socle de la statue déboulonnée à l’Espace Camille Darsières

Ce procès relance le débat de la construction de l’Histoire du Pays : comment une société choisit-elle de raconter son histoire ?

Est-il nécessaire de détruire les symboles du passé pour dépasser la Colonialité ou les réinterpréter ?

Ces déboulonnages de statues ont fait resurgir brutalement en Martinique, dans le débat public, les drames de l’histoire coloniale .

Notre jeunesse dont une partie s’impatiente violemment ne supporte plus les dégâts causés dans leur vécu par une situation dégradée au plan social, économique et politique et se développe alors une prise de Conscience politique.

Les inégalités de richesse et de développement, conséquences du passé esclavagiste, sont de plus en plus insupportables et ette situation participe aussi à cette colère de notre jeunesse.

En ce début de XXIème siècle naissent des revendications d’égalité, de liberté et de justice dans nos espaces urbains , héritiers de l’époque coloniale qui ont été bâtis par la sueur et le sang de nos ancêtres afrodescendants mais qui en ont été exclus dans leur conception.

Se développe alors le sentiment d‘être l’étranger dans sa ville.

Il est alors nécessaire de fabriquer une autre relation avec l’espace vécu, de réinventer cette empreinte mémorielle, née du double rapport entre contact colonial et peuple opprimé . Changer le nom des rues portant des noms d’esclavagistes, de cetaines places, la place Bertin à Saint Pierre, la place Joyeuse à Trinité …

Nous sommes persuadés au Comité Devoir de Mémoire que la pauvreté, les inégalités de développement nées des séquelles du passé esclavagiste peuvent trouver par le biais de réparations, le moyen d’en corriger les effets.

La question reste sensible en Martinique, où histoire, mémoire et quête identitaire suscitent encore des débats passionnés.

Tous les Pays comme le nôtre qui ont connu la traite négrière, l’esclavage, la colonisation remettent en question la mémoire esclavagiste et se préoccupent de reconquérir leur identité culturelle.

On n’y échappe pas.

Les mêmes revendications culturelles existent aussi dans la Caraïbe : récemment à Barbade la place où régnait la statue de Nelson a été rebaptisée par le Gouvernement.D’autres exemples existent à Puerto Rico, Trinidad, Colombie, aux USA à Baltimore, en Virginie …Au Royaume Uni, d’autres statues ont été déboulonnées dans d’autres Pays, elles ont été déplacées vers les musées pour montrer l’évolution historique du Pays.

Pour nous c’est l’étape d’une réaffirmation identitaire, de résistance et de décolonisation de la pensée occidentale.

Pour le Comité Devoir de Mémoire,

Christian JEAN-ETIENNE

le 07 Novembre 2025