L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) vient de publier sa note de conjoncture du 4ᵉ trimestre 2024 datée du 28/03/2025 et signés par François-Xavier Dussud et Éric Mével.
Elle écrit en titre : “Au quatrième trimestre 2024, l’emploi salarié se replie en Martinique-Note de conjoncture régionale”.
Cette note est résumée comme suit : “En Martinique, le quatrième trimestre 2024 est marqué par un climat social tendu. Dans ce contexte, l’emploi salarié est en baisse par rapport au troisième trimestre. Ce repli touche quasiment tous les secteurs d’activité. L’emploi intérimaire recule pour le troisième trimestre consécutif. Le taux de chômage au sens du Bureau International du Travail (BIT) s’établit à 13,5 % de la population active et le nombre d’inscriptions à France Travail augmente. La fréquentation hôtelière diminue.
Le nombre de créations d’entreprises est en forte baisse et les autorisations de constructions reculent”.
Il fallait s’attendre à ces mauvais résultats, vu le ralentissement observé au 3ᵉ trimestre 2024. Dans le détail, cela donne les éléments suivants.
L’emploi salarié diminue
En Martinique, le nombre d’emplois salariés s’établit à 131 850 au quatrième trimestre 2024 (132 730 au 4ᵉ T 2023). Les effectifs salariés sont en repli de 0,3 % par rapport au trimestre précédent. Sur un an, la baisse de l’emploi salarié atteint 0,7 %. La plupart des secteurs enregistrent des pertes d’emplois. Le nombre de contrats d’intérim recule pour le troisième trimestre consécutif.
Le taux de chômage s’établit à 13,5 % de la population active martiniquaise
Au quatrième trimestre, le taux de chômage au sens du Bureau International du Travail (BIT) est estimé à 13,5 % de la population active en Martinique. Le taux de chômage lissé continue sa hausse entamée depuis un an et atteint 12,8 % contre 11 % en décembre 2023.
Les inscriptions à France Travail progressent
Au quatrième trimestre 2024, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à France Travail et tenus de rechercher un emploi (catégories A, B, C) progresse de 1,0 %, et s’établit ainsi à 42 140 en Martinique.
La fréquentation hôtelière diminue au quatrième trimestre Le quatrième trimestre 2024 est marqué par un mouvement social de lutte contre la vie chère en Martinique, alimentant un climat d’incertitudes.
Dans ce contexte, les hôtels de la Martinique enregistrent 282 500 nuitées, soit une diminution de 1,5 % comparée au même trimestre de l’année précédente. Cette baisse fait suite à celle de 8,3 % du trimestre précédent et concerne essentiellement la clientèle française.
Le nombre de créations d’entreprises est en forte baisse
Au quatrième trimestre 2024, le nombre de créations d’entreprises chute de 16,2 % pour atteindre 1 600 nouvelles entreprises, soit 310 de moins que le trimestre précédent.
Au quatrième trimestre, tous les secteurs sont touchés par cette forte baisse. Le nombre de créations se replie de 30,9 % dans l’industrie et 18,3 % dans la construction. Dans le commerce, la baisse atteint 16,9 %. Le nombre d’immatriculations recule de 14,7 % dans les services, qui représentent 69,7 % des nouvelles entreprises.
Sur un an, le nombre de nouvelles entreprises diminue de 32,9 %. Cette baisse résulte d’un fort repli des créations d’entreprises dites classiques (- 45,5 %) et d’une baisse de celles sous le régime des micro-entrepreneurs (- 6,7 %).
Les autorisations de construction de logements et de locaux continuent de diminuer
Au quatrième trimestre, le nombre de logements autorisés à la construction des douze derniers mois s’élève à 2 150 en Martinique. Sur un an, ce nombre baisse de 0,5 % dans la région. De même, les surfaces de locaux d’activité autorisées à la construction des douze derniers mois chutent sur un an de 56,7 % pour s’établir à 70 610 m².
France : croissance en berne
Jetant un regard sur la conjoncture internationale l’Insee juge qu’elle a dominée par un “désordre mondial” : “Fin 2024, l’activité aux États-Unis est restée soutenue (+ 0,6 % au quatrième trimestre) portant la croissance annuelle à + 2,8 %, tandis qu’elle est restée médiocre dans la zone euro (+ 0,2 %)”. S’agissant de la France, l’Insee porte l’appréciation de “Croissance en berne” et explique notamment : “Dans un contexte international dégradé, l’économie française tournerait au ralenti au premier semestre 2025 (+0,1 % au premier trimestre puis +0,2 % au deuxième)”. Et d’indiquer : “Sur le marché du travail, l’emploi salarié s’est nettement retourné en fin d’année, l’économie française détruisant 90 000 postes sur les trois derniers mois de 2024. En prévision, les entreprises continueraient de réduire leurs effectifs de 50 000 postes salariés au premier semestre”. La France doit prévoir “un effort significatif de réduction du déficit public”, note l’Insee.
Certes, le mouvement social a joué un rôle important dans le recul économique en Martinique. Mais le repli était déjà amorcé auparavant.
L’année 2025 s’annonce difficile et il s’avère nécessaire de réagir à tous les niveaux au lieu de dépenser à fonds perdus dans l’armement et la guerre en Ukraine.
Michel Branchi avec Insee