Budget outre mer 2026 en baisse : Un tournant ? Nous devons réagir !

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Ce qui s’est passé la semaine dernière au Sénat à propos du vote du budget 2026 des pays d’outre-mer en fort recul n’est pas un simple incident parlementaire. Les élus d’outre-mer ont quitté l’hémicycle pour protester. Réaction de dignité.

La réalité est que la France est en crise budgétaire profonde et sans doute de régime.

Quoiqu’il ressorte des débats au Parlement français, à savoir vote ou non vote du budget de l’Etat ou de la Sécurité sociale ou niveau du déficit décidé, l’attitude de la France et de ses élus à l’égard des pays de l’outre-mer français semble parvenue à un tournant.

En tous cas, lorsque la France est en crise financière, les répercussions dans nos pays s’effectuent plus rapidement et ont des effets surmultipliés.

Pourquoi ? En raison de leur sous et mal-développement, ils sont devenus extrêmement dépendants des transferts publics. Les données sur le coût de la vie sont édifiantes.

Ainsi l’étude de l’économiste Mireille Pierre-Louis- que nous citons dans ce numéro intitulée “Les confettis de l’Empire sous pression”- montre que, depuis 2018, le budget de l’Etat aux Antilles a été quasiment gelé. Cette année 2026 le budget « conditions de vie en outre-mer » sera réduit. En outre, le budget global de l’Etat 2026 pour la Guadeloupe, La Réunion et la Martinique aura une évolution zéro. 

Or le revenu brut d’activité moyen est évalué à 12 875 € en outre-mer en 2018 (INSEE) contre 30 310 € en France, soit un écart de 41,5 % en moins, alors que les prestations sociales en espèces sont outre-mer en moyenne de 3 919 € contre 7 509 € en France, soit un écart de 47,8 % en moins. Elles sont deux fois plus faibles qu’en France par habitant en moyenne.

La Martinique et la Guadeloupe subissent un exode massif de leur jeunesse. La population de la Guadeloupe a baissé de 11 900 personnes depuis 2014 et celle de la Martinique de 24 134 personnes. Cela alimente, tel un cercle vicieux, le recul de la croissance économique et l’affaiblissement de l’économie et de ces pays. Donc l’exode. Les prix sont chez nous supérieurs de 14 % à la France en moyenne.

L’impact de cette cure d’austérité 2026 sera lourde pour nos pays en aggravant leur casse sociale et en accentuant leur régression dans la pauvreté. Les collectivités majeures, CTM et Ville de Fort-de-France, annoncent des budgets 2026 en forte tension dans un contexte économique de baisse de l’activité et de recul de l’emploi salarié, selon l’Iedom. Sauf si elles accroissent leur endettement déjà élevé pour maintenir un certain niveau d’investissement. Nouveau cercle vicieux.

D’où la question : le projet de loi des finances 2026 est-il un tournant pour l’outre-mer ? Sans doute probablement. La crise financière en France étant adossée à une crise politique et de régime, selon beaucoup d’observateurs. 

Pour répondre à nos urgences sociales et économiques, également sécuritaires et démographiques, comme en Guyane, comme à Mayotte, comme en Nouvelle-Calédonie, il nous faut arracher un vrai plan d’urgence à court terme par la mobilisation de tous.

Seulement la question de fond pour réduire notre dépendance économique sur le moyen et long terme, c’est de changer l’actuel modèle économique de consommation importée en conquérant les instruments juridiques et fiscaux pour passer à un modèle de développement endogène propre.

Nous devons réagir !

Michel Branchi (8/12/2025)