Autour des thérapies alternatives, des dérives sectaires jusque dans les établissements de santé, alerte la Miviludes

0
16

“Aujourd’hui, il est courant de trouver des séances de Reiki, de magnétisme ou encore de bol tibétain dans les établissements publics de santé”, décrit la Miviludes. © Jean-Bernard Vernier/JBV News/ABACAPRESS.COM Jean-Bernard Vernier/JBV News/ABACAPRESS.COM

Nous reprenons ci-après un intéressant article de l’Humanité sur le récent rapport de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Nous avons été très concernés en Martinique par la question des sectes, notamment l’Ordre du Temple Solaire qui utilisait comme accroche les problèmes de santé. Son gourou était médecin homéopathe, le Dr Luc Jouret. “J” 

Dans son rapport d’activité publié ce mardi 8 avril, la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires alerte sur le fait que sur l’ensemble des signalements reçus entre 2022 et 2024, ceux concernant la santé et le bien-être arrivent en tête. Et ce, parfois même au sein de structures hospitalières. 

Une jeune femme suivie pour troubles psychiatriques cesse son traitement médicamenteux au profit d’huiles essentielles, “conformément à la doctrine de l’aromathérapie quantique”, une thérapie alternative. Voici l’un des nombreux exemples de dérives dans le domaine de la santé que la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) pointe du doigt. 

Dans son rapport d’activité publié ce mardi 8 avril, l’organisme rattaché au ministère de l’Intérieur souligne que la santé et le bien-être arrivent en tête des signalements reçus par entre 2022 et 2024, avec un taux de 37 %. Ce type de signalements est supérieur à ceux relatifs aux cultes et spiritualités (35 %). Un phénomène déjà relevé en 2022 par la Miviludes qui alertait alors sur un “sujet de préoccupation majeur”

Au total, 4 571 saisines ont été reçues par cet organisme chargé notamment de faciliter les actions d’aide aux victimes de dérives sectaires en 2024. Et leur nombre a augmenté de 13,7 % de 2021 à 2024, et de 111 % par rapport à 2015. 

Une banalisation de ces pratiques au sein des établissements de santé 

Le développement de pratiques de soins non conventionnelles (PSNC) au sein même d’établissements de santé est particulièrement mis en exergue, alors même que les malades du cancer restent les plus touchés par les dérives sectaires en santé. 

Souvent considérées comme “douces”, “complémentaires” voire “alternatives et finalement bénéfiques pour la santé”, la grande majorité de ces pratiques “n’a pas été approuvée scientifiquement”, souligne-t-elle. Un grand nombre de signalements reçus par l’organisme montrent ainsi “la banalisation de ces pratiques au sein des établissements de santé”, sans être nécessairement accompagnées de “mises en garde ou d’encadrement médical”

Ainsi, les soins de support – prenant en charge les conséquences de la maladie et des traitements – notamment en cancérologie, “connaissent, à leur tour, des dérives à caractère sectaire”, détaille le rapport. “Aujourd’hui, il est courant de trouver des séances de Reiki, de magnétisme ou encore de bol tibétain dans les établissements publics de santé”, décrit la Miviludes. Le risque principal repose sur “la prétention de certains pseudo-thérapeutes à substituer les pratiques de soins non conventionnelles à la médecine conventionnelle, excluant totalement le recours à celle-ci”, précise l’institution. 

45 signalements au parquet en 2024 

Dans le traitement du cancer, l’organisme alerte sur la dangerosité de l’urinothérapie, méthode “qui consiste à boire son urine” et qui a été “fatale” pour certaines victimes. Pour mieux sécuriser les soins de support proposés aux malades et éviter de possibles dérives, la Miviludes, le ministère de l’Intérieur et la Ligue contre le cancer vont signer mardi une convention de partenariat. 

De plus, en 2024, la Miviludes a adressé 45 signalements au parquet – contre 20 en 2021-, fréquemment sur des “conseils” ou “pseudo-soins” donnés à des “patients” (…) par des pseudo-thérapeutes n’ayant pas de diplôme reconnu par l’État”. D’autres infractions concernent “les délits d’exercice illégal de la pharmacie, de la diététique, d’usurpation du titre de docteur en médecine”

Tests de personnalité, développement personnel : alerte sur le recrutement de l’Église de scientologie via les réseaux sociaux 

Dans la plupart des cas, les “pseudo-thérapeutes” prônent un régime alimentaire draconien, incitent à la consommation de stupéfiants, de soins à base de pierres (lithothérapie), ou d’examen de tumeur “par appareil “russe à résonance magnétique” qui contredit le diagnostic de cancer”, énumère la Miviludes. 

Par ailleurs, la promotion persistante du jeûne comme remède à toutes formes de maladies préoccupe particulièrement l’organisme, qui met en garde contre des stages de jeûne “particulièrement onéreux”, dont l’une des tendances les plus dangereuses consiste à allier une pratique sportive intensive et un jeûne poussé parfois à l’extrême, comme dans le mouvement “Jeûne et randonnée”. 

S’il y a actuellement des débats relatifs aux effets du jeûne, notamment intermittent, jeûner n’a pas pour effet de vaincre des maladies telles que le cancer. Or c’est ce que soutiennent certains groupes”, dénonce la Miviludes, ajoutant que des décès liés à des stages de ce type “ont été signalés à l’autorité judiciaire”. 

Clémentine Eveno
Humanité du 8 avril 2025

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici