A Mayotte, le cyclone Chido a révélé l’ampleur du sous-développement du territoire et de la précarité des sans-papiers

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Mayotte dévastée après le passage du cyclone Chido © Adrienne Surprenant APSIPA

Un nombre de décès impossible à établir

Une semaine après le passage du cyclone Chido, sur Mayotte, l’un des plus violents que cet archipel ait connu en près d’un siècle, il est impossible pour les autorités françaises d’établir le moindre bilan humain, même partiel de la catastrophe. Les chiffres les plus invérifiables et divergents son avancés par les services de l’Etat. . “Il faudra des jours et des jours” pour y parvenir, a déclaré le ministre démissionnaire de l’Intérieur, Bruno Retaillau, à son arrivée à Mamoudzou, le chef-lieu du territoire. Encore le jeudi 19, soit plusieurs jours après le passage du phénomène la chaîne de télévision Mayotte la 1ère évoquait le chiffre de 60 000 victimes ! Une rumeur démentie par Bruno Retailleau. Mais une chose est certaine : Beaucoup de résidents sans papiers avaient refusé de se mettre à l’abri dans les centres d’accueil par peur d’être arrêtés et expulsés et avaient attendu l’arrivée du cyclone pour tenter de les regagner. Nombre d’entre eux ont été fauchés par les feuilles de tôle provenant des bidonvilles qui tous ont été soufflés. Quoi qu’il en soit, il ne sera jamais possible d’établir avec précision, le nombre exact de victimes de cette catastrophe qui semble avoir provoqué une hécatombe parmi les 100 000 à 200 000 Comoriens originaires de l’archipel voisin qui ont affronté tous les dangers dans l’espoir d’un avenir meilleur. Ce bilan est rendu encore plus difficile par les pratiques religieuses de ces populations en grande majorité musulmane… Lesquelles imposent l’inhumation dans les 24 heures suivant le décès. Pour établir une esquisse de bilan, le préfet a dû lancer un recensement commune par commune.

Macron à Mayotte : Une visite placée sous le signe du mépris

Au lieu de s’occuper de la détresse des sinistrés de Mayotte ; le nouveau premier ministre et maire de Pau François Bayrou a préféré prendre l’avion pour participer au conseil municipal de cette ville… Une absence auprès des sinistrés qui lui a valu de vives critiques de la part de l’opposition municipale. Par contre, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau qui entend rester à son poste pour poursuivre sa politique anti-migratoire s’est affiché auprès des Mahorais dont il ne cesse d’entretenir la détestation des immigrants…
Face à l’ampleur de ce drame, beaucoup critiquent la lenteur et la faiblesse des moyens engagés par la métropole coloniale. D’où la colère des habitants de Mamoudzou qui ont énergiquement interpellé le chef de l’ETAT pour rappeler ses promesses non tenues, dénoncer le mépris dont il fait preuve l’égard des habitants. N’est-il pas allé jusqu’à leur jeter que leur revenu par habitant était inférieur à celui des Français de la “métropole“, mais trois fois supérieur à celui des îles voisines. Une façon de leur dire qu’ils n’ont aucune raison de se plaindre alors qu’ils sont privés d’eau potable et de nourriture depuis le passage du cyclone.

La France compte sur la solidarité internationale pour répondre au désespoir des Mahorais.

Le président Macron est arrivé jeudi 19 décembre dans une île où les dégâts du cyclone ont été amplifiés par la fragilité des habitations et des infrastructures… Il est reparti le lendemain sans avoir pu voulu prendre contact avec les populations isolées dans le villages encore coupés du monde… Dans cette catastrophe d’origine climatique et d’ampleur inédite, il appartient à la puissance tutélaire d’apporter les premiers secours. Ce qu’elle a fait, mais avec des moyens d’autant plus limités qu’elle se trouve dans une situation politique compliquée sans véritable gouvernement. Certes le ministre chargé des Outremers a décrété l’état de calamité naturelle à Mayotte. Ce qui devrait permettre “une plus grande réactivité des procédures administratives” Du côté du PCF, son secrétaire national Fabien Roussel a appelé “ses fédérations, ses militants et ses élus è prendre toutes les initiatives possibles pour amplifier la solidarité avec les populations de Mayotte”. La situation est si critique et si discriminatoire à Mayotte que les autorités en sont réduites à exiger la carte d’identité pour accéder aux aides.
Au nom du Conseil européen, le chancelier allemand Sholz a juré que l’ensemble de ses homologues “étaient prêts à être utiles de toutes les façons possibles” pour aider les autorités français. Les Etats-Unis ont adressé leurs condoléances aux habitants de Mayotte et se sont dits prêts à offrir une aide humanitaire appropriée à Mayotte…
Le gouvernement taïwanais a déjà annoncé une aide de 250 000 euros par le biais de sa représentation à Paris.
Les secours commencent à s’entasser dans les entrepôts de la Réunion en attendant la mise en place d’un véritable pont aérien. Le principal aéroport de l’archipel situé en Petite Terre n’est ouvert qu’aux avions militaires et à ceux de la compagnie locale Air Austral. Il devrait être ouvert aux autres compagnies dans une douzaine de jours.
Mais quelle que soit l’ampleur des moyens engagés, de la tâche de reconstruction qui devra respecter un minimum de règles d’urbanisme s’avère considérable.
Le Parti communiste martiniquais exprime son entière solidarité avec les sinistrés de Mayotte.

G.E

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