Notre pays la Martinique a connu en 2024 une crise sociale grave à partir de la question de la vie chère qui a révélé les tares de notre mal-développement chronique.
Pauvreté dʼau moins un tiers de notre population, chômage et sous-emploi, émigration massive de notre jeunesse, déclin de notre population et vieillissement accéléré, tels sont quelques-uns des fruits amers de notre dépendance néo-coloniale sous couvert de départementalisation.
La vie chère nʼen est que lʼun des aspects les plus douloureux et permanente.
Au plan économique, le ralentissement de cette économie artificielle depuis le début de 2024 vient dʼêtre confirmé officiellement par lʼInstitut dʼémission des Dom de Martinique : baisse de lʼactivité agricole et des industries, dégradation du BTP et recul du nombre de logements mis en chantier, fléchissement du commerce, affaissement de lʼinvestissement, etc.
Les premiers effets de la crise de la vie chère sont recensés par lʼIedom qui indique : “Pour pallier aux conséquences de la mobilisation contre la “vie chère”, la direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DEETS) a mis en place un dispositif d’emploi partiel pour les entreprises. La DEETS a indiqué que 127 entreprises avaient effectué des demandes de chômage partiel (données à fin octobre) pour un total de 1200 salariés (ce qui représente 1,3 % de l’emploi privé en Martinique)”.
En France, la situation politique est bloquée par les suites de la dissolution de lʼAssemblée nationale. Faute de majorité, les gouvernements ont une durée de vie aléatoire et la République française nʼa pas de budget 2025 pour la première fois sous la Vème République. Les prévisions économiques pour 2025 sont sombres avec des projections dʼactivité stagnante, voire de récession probable.
La crise en France est à la fois économique, financière et politique. Voire de régime.
Or la Martinique dépend fortement des transferts sociaux et financiers de lʼEtat français et de lʼapplication de son modèle social conquise par nos luttes. L’impact des mesures prévisibles de restrictions budgétaires en France se traduira en outremer par une réduction des aides sociales et des financements publics augmentant la pauvreté et le ralentissement économique déjà perçu en Martinique.
La collectivité territoriale de Martinique (CTM) dʼailleurs a été contrainte de présenter un budget 2025 en recul malgré une nouvelle augmentation de son endettement.
Alors 2025 peut se présenter comme lʼannée de vérité face à lʼimpasse qui se profile pour en même temps prendre des mesures concernant le coût de la vie et les revenus des plus modestes et décider de mettre en route le nécessaire changement de modèle économique et social afin de sortir progressivement de la dépendance.
Aussi nous devrons faire preuve de courage pour faire face à la crise notre société et exiger la baisse des prix promise et au-delà. Lʼamélioration des conditions de vie implique également dʼarracher une augmentation des revenus des plus vulnérables et la réhabilitation des services publics. Nous devrons aussi nous armer de volonté pour définir les voies dʼun renouveau du pays lors du congrès annoncé et obtenir le financement dʼinvestissements porteurs de progrès et dʼemploi.
Et enfin il ne faut pas se cacher que la refondation de notre modèle économique et la réduction de notre dépendance ne pourront se réaliser sans efforts et sans la conquête de la responsabilité collective pour agir pour nous-mêmes. Bonne année 2025 à la Martinique.
Michel Branchi (30/12/2024)