Dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), ces derniers jours, des affrontements entre l’armée congolaise, aidée par des milices locales, les Wazalendos, et les rebelles du M23, appuyés par l’armée rwandaise, ont eu lieu vers Sake, ville située à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Goma et considérée comme un verrou stratégique sur la route de la capitale provinciale. Dans un communiqué, le mouvement rebelle a d’ailleurs confirmé vouloir prendre la ville qui se trouve à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Goma, le chef-lieu de la province. Pourquoi Sake ? En quoi cette ville est-elle stratégique ? Sake est une ville carrefour : c’est de là que partent trois principaux axes routiers : vers le nord, la route qui mène à Butembo ; vers l’ouest, qui mène vers Masisi Centre et Walikale ; et vers le sud, qui mène vers Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu. Les deux premiers axes ont été coupés par le M23 il y a quelques semaines, perturbant le ravitaillement de Goma en produits vivriers. Des haricots, du manioc, des pommes de terre, du lait : produits dans le nord-est du territoire de Masisi et acheminés vers Goma, par camions, voitures ou motos. Le troisième axe, qui mène vers le sud : vers Minova et Bukavu a, lui, été bloqué la semaine dernière, avec la prise par les rebelles de Shasha , commune située sur les rives du lac Kivu. Là aussi, cette route servait à transporter vers Goma des bananes plantain et du sombé, récoltés dans le sud du territoire de Masisi. La prise de Saké est donc stratégique : il s’agit d’encercler, d’isoler un peu plus Goma, ville d’environ 2 millions d’habitants.
D’autant plus que la route de la capitale provinciale vers le nord était déjà régulièrement interrompue depuis près de deux ans avec la présence du M23 dans cette région, dans les territoires de Nyiragongo et de Rutshuru. Avec des répercussions : sur les marchés de Goma, certains produits se font de plus en plus rares. Mais, surtout, les prix des denrées alimentaires se sont envolés. Il y a quelques semaines cinq patates douces se vendaient 1000 francs congolais. (1€ = 2964 franc congolais) Aujourd’hui, c’est le double.
JPM : RFI, Journal de Montréal