Depuis quelques mois, la tension n’a cessé de monter entre Israël et l’ONU dont l’Unrwa, l’agence des réfugiés pour les Palestiniens qui abriterait selon Tel Aviv des combattants palestiniens et soutiendrait les actions du Hamas. Cette méfiance s’est traduite par une véritable croisade lancée contre l’organisation de l’ONU, accusée de couvrir les viols et autres actes de torture imputés aux résistants palestiniens. Cette colère des dirigeants israéliens puise sa source dans les dénonciations des sévices infligés par les Israéliens aux prisonniers palestiniens pour leur extorquer des aveux et dans la condamnation de la politique de colonisation et de génocide visant à exterminer les habitants de la bande de Gaza. L’offensive israélienne contre l’organisation de l’ONU menace même son existence de cette organisation humanitaire, la seule encore présente dans ce territoire ravagé par les bombardements israéliens et ravagé par la famine. Plusieurs pays qui participaient au financement de l’Agence des Nations Unies et alliés d’Israël lui ont déjà retiré leur soutien financier. Sur le plan diplomatique, cette offensive s’est traduite par le rappel par Israël de son ambassadeur à l’ONU. Les accusations israéliennes visent en particulier le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres à qui Tel Aviv reproche de maintenir le silence à propos des violences commises sur les otages détenus par le Hamas.
Israël à la manœuvre pour discréditer l’ONU et son agence
Des accusations qu’Antonio Guterres a niées : “En aucun cas le secrétaire général n’a fait quoi que ce soit pour garder ce rapport sous silence”, a répliqué son porte-parole Stéphane Dujarric. Mais Israël n’en démord pas : “Cela a pris aux Nations unies cinq mois pour finalement reconnaître les crimes sexuels”, a déclaré l’ambassadeur israélien aux Nations unies, qui n’a par ailleurs cessé ces derniers mois d’appeler à la démission d’António Guterres, allant même jusqu’à accuser l’ONU “d’être elle-même une organisation terroriste à Gaza”. Des enregistrements ont été publiés par l’armée israélienne. Ils contiendraient des discussions d’enseignants d’écoles de l’UNRWA – décrits comme membres du Hamas et du Djihad islamique – qui se vanteraient d’avoir capturé des otages Des accusations que l’agence des Nations unies dément fermement. L’Unrwa a répliqué dans le même temps en dénonçant des actes de “torture” commis par les autorités israéliennes sur des prisonniers palestiniens, dont une grande partie serait membre de ses équipes. Ce nouvel épisode fragilise davantage l’agence de l’ONU, plongée dans la tourmente après de premières accusations lancées par Israël en janvier dernier qui avaient conduit dix-sept pays – dont les États-Unis, le Japon, l’Allemagne et le Royaume-Uni, à suspendre toutes affaires cessantes leur financement, après le limogeage d’une dizaine de ses employés, impliqués selon Israël dans l’attaque du 7 octobre. Depuis, plusieurs de ces pays ont repris leur soutien à l’organisation humanitaire onusienne.
Israël enfin accusé de crime de guerre par l’ONU

Les relations entre Israël et l’ONU vont encore se dégrader après le rapport du haut-Commissaire des Nations-Unies aux droits de l’homme en date du 8 mars dans lequel il dénonce l’extension des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés. Selon le rapport publié par l’ONU, l’établissement et l’expansion de ces colonies “équivalent au transfert par Israël de sa propre population civile vers les territoires qu’il occupe” et “de tels transferts constituent un crime de guerre pouvant engager la responsabilité pénale des personnes impliquées”. Et le rapport poursuit : “La violence des colons et les violations liées aux implantations ont atteint de nouveaux niveaux choquants et risquent d’éliminer toute possibilité pratique d’établir un État palestinien viable”. L’ONU enfonce le clou en ajoutant que : “L’établissement et l’expansion continue des colonies israéliennes illégales se produisent parallèlement au déplacement de Palestiniens du fait de la violence des colons israéliens et de l’État”. À quoi s’ajoutent “des expulsions forcées, la non-délivrance de permis de construire, des démolitions de maisons et des restrictions au mouvement pour les Palestiniens”. Fait nouveau : la France et l’Espagne ont condamné les projets israéliens. Dans un communiqué, le ministère français des Affaires étrangères a “appelé le gouvernement israélien à revenir immédiatement sur cette décision inacceptable, illégale et irresponsable”. Pour Paris, “La colonisation israélienne des territoires palestiniens… constitue une violation flagrante du droit international”. Raison pour laquelle il appelle au démantèlement “sans délai” des constructions israéliennes récentes.
Après ces condamnations, la “communauté internationale” va-t-elle enfin prendre des sanctions contre Israël, comme, elle l’a déjà fait si souvent contre la Russie ?
Face à la stratégie de la terreur d’Israël, Biden hausse le ton
Jusqu’alors, les États-Unis avaient couvert, sans aucune retenue les déplacements massifs imposés par l’armée israélienne à plus des 1,7 million d’habitants sur les 2,5 que compte l’enclave ainsi que les bombardements indiscriminés qui ont déjà fait plus de 30 800 victimes civiles dont une très grande majorité de femmes et d’enfants. Mais le samedi 9 mars, le président Joe Biden a vivement critiqué son homologue israélien en déclarant qu’avec sa politique de la terre brulée, Netanyahou “fait plus de mal que de bien à Israël” et en tenant des propos ambigus sur le “ligne rouge” à ne pas franchir. Tout en affirmant qu’il n’abandonnera jamais Israël. Est-ce l’ampleur des protestations contre son soutien jusque-là illimité à Israël et le risque de perdre le soutien de l’électorat musulman majoritairement favorable aux démocrates qui l’ont contraint à changer de ton ?
Une course contre-la-montre pour sauver les Gazaouis
En pleine catastrophe humanitaire, le gel des versements, plus que vitaux pour le seul distributeur de l’aide humanitaire à la population affamée de la bande de Gaza, pourrait lui être fatal. Pourtant, Israël persiste dans son offensive contre le Hamas, malgré les protestations de plus en plus véhémentes et les pressions internationales de plus en plus fortes. Face à cette pénurie organisée par les autorités israéliennes illustrée par le blocage, le mardi 5 mars, par l’armée israélienne du dernier convoi du programme alimentaire mondial (PAM) qui dépend de l’ONU, de nombreux pays dont notamment la France, l’Espagne, la Turquie ou encore la Suède ont demandé à Israël d’ “améliorer l’accès humanitaire à Gaza”, tandis que l’ONU a appelé Israël à ouvrir un port pour acheminer l’aide à Gaza. Car tous les observateurs reconnaissent que les parachutages de nourriture par voie aérienne ne sont qu’une goutte d’eau dans la mer. Même le président des États-Unis, jusqu’ici allié inconditionnel d’Israël, a demandé “un cessez-le-feu immédiat” de six semaines et a ordonné à l’armée américaine l’établissement d’un port provisoire à Gaza pour l’acheminement de l’aide humanitaire par la voie maritime.
C’est donc une course contre-la-montre qui est engagée par l’ONU et les bailleurs d’aide humanitaire pour la survie de la population de Gaza.
G.E