Avant même lʼassassinat du président Jovenel survenu en juillet 2021, la situation à Haïti, déjà des plus précaires, nʼavait cessé de se dégrader. Le Premier ministre Ariel Henry qui avait pris la tête du gouvernement, sʼest installé dans lʼillégalité depuis la fin de son mandat le 7 février et ne semble pas pressé dʼorganiser de nouvelles élections. Aujourdʼhui, Haïti représente un cas unique au monde avec aucun représentant élu au niveau national et des usurpateurs autoproclamés ministres qui sʼaccrochent à leurs privilèges, laissant la voie libre aux bandes armées qui répandent la terreur, incendient, pillent, violent, multiplient les enlèvements, contrôlent les voies de communications et rançonnent la population reconnue comme étant la plus pauvre au monde. Cʼest désormais lʼanarchie la plus totale à Port-au-Prince et dans plusieurs départements. Le nombre de victimes de ces violences donne lʼeffroi. Sur le seul mois de janvier 2024, elles ont provoqué la mort de plus de 1 300 personnes lors des affrontements entre groupes armés et parfois la police de plus en plus démobilisée.
Un nouveau pas a été franchi dans la déliquescence de lʼÉtat haïtien avec les attaques de la plupart des structures perçues comme étant des symboles du pouvoir : aéroport, commissariats. Avec ses banques, ses écoles fermées et des milliers de personnes qui fuient leurs domiciles, le pays sʼenfonce chaque jour davantage dans la crise.
Un nouveau pas a été franchi dans la stratégie dʼanéantissement de ce qui restait de lʼÉtat avec lʼattaque par des groupes armés, dans la nuit du samedi 2 au dimanche 3 mars, de la prison nationale de Port-au-Prince qui a permis à 3 500 sur les 3 800 détenus quʼelle recélait de sʼenfuir. Des évadés dont une partie pourrait venir grossir les effectifs du plus redoutable des chefs de bande Jimmy Cherisier surnommé “barbecue” dont lʼobjectif est de chasser Ariel Henry du pouvoir : “Aujourd’hui, on lance la bataille qui doit reverser le Premier ministre et son gouvernement” a proclamé lʼancien policier. Un ultimatum qui prédit des jours encore plus sombres pour ce malheureux pays surnommé à lʼépoque de la colonisation française “la perle des Antilles”. Les bandes armées ont repris à leur compte les appels à la démission lancés par la population. “Si Ariel Henry ne démissionne pas et si la communauté internationale continue à le soutenir, nous irons directement vers une guerre civile qui va déboucher sur un génocide”, a menacé, le mardi 5 mars, “barbecue”. La déliquescence du pouvoir est telle quʼaprès son retour du Kenya où il était allé plaider en faveur de lʼenvoi dʼune force internationale composée de policiers Kényans sous mandat de lʼONU, aucun responsable haïtien nʼétait en mesure de dire où se trouvait le premier ministre. En fait, son avion nʼavait pas pu atterrir à Port-au-Prince dont lʼaéroport avait été fermé pour raison de sécurité après la tentative des hors-la-loi de sʼen emparer. Tandis que les autorités de la République dominicaine avaient refusé de lʼaccueillir. À la fin de la journée du mardi 5 mars, ses ministres apprenaient quʼil avait été accueilli à Porto-Rico.
Tandis que les Haïtiens dénonçaient son silence face aux grave évènements auxquels se trouvait confronté le pays. Ainsi va Haïti dont le sort ne préoccupe pas la majorité des États qui constituent cette fameuse communauté internationale. Il est vrai que son sous-sol ne possède ni or, ni métaux stratégiques, ni pétrole.
G.E