Premier tour des législatives : Nouvelle percée de l’extrême droite, le Nouveau Front populaire en seconde position. Lourde sanction pour le camp Macron

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Conséquence de la soudaine dissolution de l’Assemblée nationale prononcée le 9 juin par Emmanuel Macron à la suite de la victoire du Rassemblement national aux élections européennes, les électeurs de la France étaient appelés aux urnes le dimanche 30 juin. Contrairement au scrutin législatif de 2022, où le taux de participation n’était que de 47,5%, ceux-ci se sont fortement mobilisés. Selon les dernières estimations du ministère de l’Intérieur la participation serait de l’ordre de 65,8%, soit une vingtaine de points de plus.

Une mobilisation qui s’explique par le désir d’en finir avec le macronisme, par la crainte de voir le Rassemblement national de Marine le Pen et de Jordan Bardella d’accéder au pouvoir mais aussi par la volonté de la gauche et des écologistes regroupés au sein du Nouveau Front populaire de lui barrer la route.

L’électorat partagé entre trois blocs avec d’abord un camp présidentiel considérablement affaibli

Les résultats de ce premier tour ont confirmé l’effondrement massif du camp présidentiel dont l’ensemble des candidats n’a recueilli que 20% des suffrages et se trouve relégué à la troisième place, loin derrière les deux autres. Les représentants de la macronie n’arrivent à se qualifier pour le second tour que dans 321 circonscriptions. Mais ils ne sont en tête que dans 68 d’entre elles. Ceux arrivés en 3ᵉ position risquent fort de disparaître, car devant se désister en faveur du candidat du Front populaire classé second, s’ils obéissent aux consignes du président et de son premier ministre Gabriel Attal. Consignes du reste jugées très floues. Preuve de ce désaveu, aucun ministre n’a été élu au premier tour. Même celui de l’Intérieur, Gérald Darmanin est en ballotage difficile de même que l’ancienne première ministre Elisabeth Borne. Seuls quelques rescapés comme Gabriel Attal ou la présidente de l’Assemblée nationale sont en position favorable. L’ex-majorité présidentielle ne peut, au mieux, espérer sauver qu’une centaine de sièges.

Nouveau Front populaire : Des résultats mitigés

Même s’il est parvenu à contenir l’offensive de l’extrême droite, l’alliance entre la gauche et les écologistes a réalisé des performances moyennes avec 28,1% des suffrages recueillis. Elle parvient tout de même à faire élire 31 de ses candidats dès le premier tour et aborde le second avec ses candidats en tête dans 128 circonscriptions, en recul cependant par rapport à 2022 où ils étaient 191. Mais les candidats du Nouveau Front populaire se qualifient dans 414 circonscriptions avec 164 pour la France insoumise, 121 pour le Parti socialiste, 68 pour les verts et 33 pour le Parti communiste français. Alors que le RN arrive en tête dans la quasi-totalité des zones rurales, la gauche confirme son ancrage dans les grandes agglomérations et leurs banlieues, avec par exemple l’élection dès le 1ᵉʳ tour du premier secrétaire du PS, Olivier Faure, de la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot dans le Val-de-Marne ou de l’écologiste Sandrine Rousseau, à Paris. Par contre, certaines personnalités de gauche comme François Ruffin se trouvent en difficulté face eu RN. Il dit être “battu” mais pas “abattu”.

Le secrétaire national du PCF éliminé

L’une des plus grosses déceptions de ce scrutin est venue de l’élimination par un candidat du RN, dans la 20ᵉ circonscription de la Somme dont il était le député sortant, du secrétaire national du PCF Fabien Roussel. Déception d’autant plus grande qu’il a été l’un des meilleurs artisans de la constitution du Nouveau Front populaire.

Nouvelle percée du Rassemblement national

Porté par son succès aux élections européennes, le Rassemblement national a renforcé ses positions sur la quasi-totalité du territoire français. Avec 33,2% des voix, il se présente comme le plus important des trois blocs issus de ce premier tour. Dès dimanche 30 juin, la formation d’extrême droite a fait élire 38 de ses candidats parmi lesquels Marine Le Pen. Au total, si on ajoute les 60 candidats LR qui ont suivi Éric Ciotti dans sa migration vers le RN, c’est dans 483 circonscriptions que le rassemblement national sera présent au second tour. À noter que 180 de ces candidats ont un score supérieur dès le premier tour et sont en mesure de l’emporter au second. Le RN progresse dans presque toutes les régions, à l’exception des grandes métropoles. Seule une partie du Grand Ouest résiste à ce phénomène. Au total, c’est dans un très grand nombre de duels et même de triangulaires que les rescapés du 2ᵉ tour vont s’opposer.

Dans ce contexte, les projections en sièges sont à prendre avec précaution

Même s’il n’est pas certain d’obtenir la majorité absolue, le RN semble être en mesure de constituer le groupe le plus important à l’Assemblée nationale. Les estimations lui donnent entre 230 et 280 sièges contre 125 à 165 pour la gauche et entre 70 et 100 pour les macronistes de “Ensemble”. La majorité absolue est de 289 députés.

Multiplication des appels à faire échec au RN

Comme l’a souligné le premier secrétaire du PS, “Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’extrême droite peut gouverner le pays”. C’est la réalité de cette menace qui a motivé la multiplication des appels à tout mettre en œuvre pour écarter ce danger. Pour le dirigeant socialiste, “aucun candidat” de gauche ne doit se maintenir “dès lors qu’il y a un risque de faire élire un candidat d’extrême droite. De son côté Marine Tondelier, la secrétaire nationale des écologistes, a appelé à ‘la construction d’un nouveau front républicain’”. Tandis que Jean-Luc Mélenchon qui annonce un second tour “d’une exceptionnelle intensité” invite les Français à, “défendre l’idée de la vie en commun”. Un puissant mouvement populaire peut bien faire reculer la vague brune annoncée.

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