La Martinique a été profondément choquée par l’annonce de triples meurtres le week-end dernier.
Dans la nuit du vendredi 19 au samedi 20 décembre, deux hommes ont été mortellement touchés par des tirs à la cité Ozanam, à Schoelcher. Une cellule psychologique a été mise en place. Le troisième homicide, qui a eu lieu au Carrère au Lamentin, n’aurait aucun lien avec les deux autres.
Cela fait 40 homicides en 2025 dont 34 par armes à feu. Un record.
L’émotion dans la population est tellement vive que les autorités ont rapidement réagi : le Préfet Desplanques, le Procureur Yann Le Bris , le général de Gendarmerie et le président du conseil exécutif de la CTM, Serge Letchimy.
Le préfet a annoncé un renforcement immédiat des forces de l’ordre et que la gendarmerie sera davantage présente tout de suite et dans les prochains jours sur le territoire de la commune de Schoelcher, avec une attention particulière portée à la cité Ozanam.
Sans doute pour rassurer le public effrayé, il a donné des chiffres de l’action des forces de l’ordre : Depuis le début de l’année 2025, 276 armes à feu ont été saisies par les forces de sécurité intérieure, dans le cadre notamment d’opérations dédiées de contrôle. Un chiffre en nette hausse par rapport à 2024, où 174 armes avaient été saisies, soit 102 de plus en un an.
Il a cru utile de souligner notamment l’importance du contrôle du trait de côte, assuré par la gendarmerie, la police et les douanes et que ces opérations ont permis des saisies régulières d’armes et de munitions, notamment en provenance de Sainte-Lucie.
Des enquêtes ont été ordonnées pour élucider les circonstances exactes de ces homicides et leurs causes.
En juin, les autorités judiciaires des Antilles françaises avaient déjà tiré la sonnette d’alarme. Elles s’inquiétaient d’une évolution des gangs, « semblant évoluer vers des structurations mafieuses ».
Dans ce climat, la part des homicides liés au narcotrafic est en hausse.
Le président du conseil exécutif de la Martinique a publié un communiqué dans lequel il déclare notamment : “Face à cette escalade de violence inacceptable, je saisirai, de nouveau dans les plus brefs délais le ministre de l’Intérieur ainsi que toutes les autorités compétentes, afin de solliciter des mesures d’urgence renforcées et coordonnées pour protéger nos concitoyens, lutter contre la prolifération des armes et améliorer l’efficacité des actions de prévention et de sécurité. ”. Fort bien. C’est l’Etat qui a en charge la sécurité.
Et le PCE ajoute : “je refuse avec la plus grande fermeté toute forme de banalisation de ces violences et le sentiment de fatalité qui commence à s’installer. La Martinique a le devoir d’agir pour sa jeunesse, pour la tranquillité de ses familles et pour l’avenir de notre société. Les Martiniquaises et les Martiniquais attendent de l’Etat une réponse forte à la hauteur de la gravité de la situation. Nous nous devons d’être au rendez-vous, aux côtés de l’Etat, pour répondre à l’urgence”.
On met en cause le narcotrafic qui serait de plus en plus à l’origine de règlements de comptes pour le contrôle de zones de deal. La recherche de l’argent facile.
Mais est aussi pointé l’attrait pour les armes chez certains jeunes qui leur donnerait une stature et le respect.
Cela met en évidence l’affaissement moral du pays et une dégradation du vivre ensemble conduisant à tuer ses concitoyens pour exister. Ce type de violence a été décrit par Frantz Fanon comme une phase de pourrissement du colonialisme. Et il est vrai que nous devons être au rendez-vous de l’éducation, de la formation citoyenne et de la construction d’une société sur des bases de solidarité.
On ne pourra pas mettre un policier derrière chaque Martiniquais.
C’est donc collectivement que nous devons prendre en charge le réarmement moral de la Nation martiniquaise et de notre jeunesse en perdition.
Michel Branchi

