Visite de Darmanin : Des annonces et une inauguration sous la vigilance de certains élus

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La Structure d’Accompagnement vers la Sortie a été inaugurée

Mardi 9 décembre, le ministre de la Justice Gérald Darmanin était en Martinique pour rencontrer les magistrats de la cour d’appel de Fort-de-France, mais également pour visiter le centre pénitentiaire de Ducos. Le principal temps fort de sa visite était l’inauguration de la Structure d’accompagnement vers la sortie (SAS) de Ducos. Gérald Darmanin a profité pour faire des annonces devant des représentants de l’Etat et des parlementaires martiniquais.

Les annonces de Darmanin

Tout d’abord, le garde des Sceaux a mis en valeur le travail des agents pénitenciers qui font face à la surpopulation carcérale : “Quand on est en prison, on n’est pas dans un climat facile. Mais surtout quand on est en surpopulation carcérale comme c’est le cas ici avec plus de 200% dans le quartier maison d’arrêt. On effectue un travail qui est très difficile […] notamment en matière de sécurité, on connaît des agressions, des menaces. Très difficile pour les détenus qui connaissent beaucoup de difficultés de réinsertion.”

Selon Gérald Darmanin, 70% des personnes qui sortent de Ducos récidivent. “C’est l’une des prisons les plus importantes de France” déclare-t-il.

Le garde des Sceaux a également annoncé qu’il y aurait des réflexions en 2026 sur la création d’un lieu d’hospitalisation psychiatrique qui manque en Martinique : “En Martinique, il n’y a pas d’endroit où l’on peut accueillir des détenus qui ont des maladies psychiatriques, c’est quasiment 20% des détenus qui sont à Ducos. Il faut pouvoir leur offrir un accompagnement médical et de sécurité.”

Il a aussi évoqué les détenus d’origine étrangères : “Il y a aussi à Ducos, à peu près 15 à 20% de détenus étrangers. Nous devons accélérer leur expulsion vers les territoires aux alentours. Nous devons améliorer ce travail pour pouvoir libérer de la place. Lorsqu’on est étranger et condamné, on n’a pas à rester sur le territoire de la Martinique.”

Une Structure d’Accompagnement vers la Sortie (SAS) inauguré pour préparer  les détenus à la réinsertion

Situé à quelques mètres de la prison de Ducos, le SAS sera dotée de 120 places supplémentaires qui vont permettre de descendre la pression dans l’établissement de Ducos, sans pour autant réduire la surpopulation carcérale. Gérald Darmanin explique la vocation du SAS : “La réinsertion est difficile lorsqu’on passe d’une prison surpeuplée à la liberté. Il faut faire donc un travail de réinsertion et des structures spécifiques pour pouvoir apprendre aux détenus à avoir une vie sociale, faire des démarches administratives, trouver un logement, retrouver un emploi et revivre en famille.” Il y aura aussi 30 places de semi-liberté, c’est-à-dire, l’’aménagement d’une peine d’emprisonnement ferme qui permet à la personne condamnée de quitter l’établissement pénitentiaire pour accomplir des activités déterminées par la juridiction compétente comme exercer une profession, suivre une formation… “C’est un endroit où on va permettre aux gens de terminer leur peine dans ce milieu qui est moins carcéral que les autres” conclu Gérald Darmanin.

Pour sa venue, le ministre a inauguré la Structure d’accompagnement vers la sortie de Ducos en présence de représentant de l’Etat, de parlementaires martiniquais, mais surtout d’Aurélie Nella, la maire de Ducos, qui était présente en 2022 lorsque l’ancien ministre de la justice Eric Dupont-Moretti, était en Martinique : “ C’est un outil de plus dans le dispositif carcéral et au-delà de la prison au sens classique du terme, il y a désormais cet outil qui devra véritablement servir à la réinsertion des détenus qui seront bientôt libérés ”, se réjouit la première magistrate de la commune du sud.

Elle décrit l’action du SAS tout en restant mesurée face aux annonces ministérielles : “Cette structure vise véritablement à accompagner vers la sortie et préparer toutes les étapes préalables à une sortie définitive.

Si cet outil est doté véritablement de moyens financiers et humains pour pouvoir accomplir ce rôle, ça ne pourra être que positif. La prison n’est pas une fin en soi, il faut pouvoir lutter contre la récidive et cela passe aussi par des structures telles que celle-là. Une structure innovante sur le territoire de Ducos et qui vient compléter la prison au sens classique du terme. On espère véritablement qu’il jouera pleinement son rôle. C’est une chose positive, mais il faudra véritablement doter le SAS de moyens d’accompagnement vers ces sorties.”

Selon Darmanin, il y aura une augmentation des effectifs dans le centre pénitencier et pour cette SAS.

Béatrice Bellay enthousiaste, Marcellin Nadeau prudent

Face aux déclarations de Gérald Darmanin, la députée Béatrice Bellay a donné son avis à la suite de cette inauguration : “C’est bien, c’est la première qui existe dans les pays des océans dits d’outre-mer et elle est en Martinique […] Nous avons tout à gagner à participer de cette réinsertion par le biais notamment de ces structures qui allient incarcération et semi-liberté.”

Autre député présent, Marcellin Nadeau est beaucoup plus vigilant et attend de voir les répercussions de la mise en œuvre de cette SAS : “C’est une bonne chose en soi, un beau bâtiment une belle structure, mais on sait qu’il y a la question des moyens : est ce qu’il y aura suffisamment de moyens au niveau de la lutte contre l’illettrisme, l’accompagnement pour la recherche de logement, d’emplois etc. Nous attendons de voir les moyens et sur cette question, nous devons nous battre pour qu’ils soient là. Il faut aussi veiller à ce qu’il y ait une synergie entre l’Etat mais aussi les collectivités que ça soit la CTM, les communes, les intercommunalités. C’est aussi une question de vision de la politique pénale et carcérale qui passe par la lutte contre les inégalités structurelles, comme la prise en charge des détenus psychiatriquess. On aimerait qu’il y ait une Unité Hospitalière Spécialement Aménagée. Il y a des structures qui font défaut […] Il y aussi des délinquants de haut vol qui fréquentent des primo délinquants : cela n’aide pas ces primo-délinquants à sortir de leur logique délictueuse. Il y a donc une nécessité à avoir des éducateurs et du personnel suffisant […] Je ne me satisfait pas d’un élément parce qu’il faut qu’on continue à se battre pour que cette structure ait les moyens et que d’autres soient implantés ici.”

En effet, afin de véritablement lutter contre le récidivisme en Martinique, des moyens d’accompagnement doivent être mis en place sur le volet social. Aucune date n’a été communiqué sur le début de ce dispositif. Nous n’avons pas pu entrer dans le bâtiment n’ont plus.

J-P Mert