Evolution institutionnelle : Les négociations sont officiellement ouvertes avec l’Etat

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L’unité affichée lors du congrès des élus, a ouvert la voie vers des négociations avec l’Etat Français

Lundi 8 décembre, la première réunion de négociation entre une délégation du congrès des élus et le gouvernement de France, a eu lieu en visioconférence. Des représentants du congrès étaient présents depuis l’Hôtel de la Collectivité Territoriale de Martinique et ont échangé avec la ministre des Outre-mer Naïma Moutchou à Paris.

Ces discussions ouvrent le lancement des travaux pour l’élaboration d’un accord-cadre entre la Martinique et la France.

“Cette rencontre s’inscrit dans le prolongement des décisions historiques prises lors du Congrès des élus du 8 octobre 2025 et de l’Assemblée de Martinique du 24 octobre 2025. Conformément à la volonté du Président de la République et du Premier ministre, cette première réunion lance un cycle de discussions approfondies entre l’État et la Collectivité Territoriale de Martinique, visant à définir le cadre des évolutions institutionnelles et du développement de la Martinique”, précise un communiqué de la CTM du 8 décembre 2025.

D’après ce communiqué, lors de cette réunion, la délégation martiniquaise était composée du Président par intérim de l’Assemblée et du Président du Conseil Exécutif, des parlementaires, des représentants des groupes politiques de l’Assemblée et du Président du CESECEM. La ministre des Outre-mer était accompagnée de représentants de la Direction Générale des Outre-mer, de son cabinet, ainsi que des cabinets du Premier ministre et du Président de la République. De plus, le préfet de la Martinique a également pris part aux échanges. 

Ces discussions ont permis :

– D’ouvrir la réflexion sur les différents scénarios institutionnels envisageables ;

– De préciser les grandes étapes du calendrier de travail, avec pour objectif la conclusion d’un accord-cadre avec l’État ;

– D’établir une méthodologie de travail partagée.

Toujours selon le communiqué, l’agenda acté prévoit la rédaction et la signature, au cours du mois de janvier 2026, d’un accord-cadre entre l’État et les élus de Martinique qui définira les grands principes et les thématiques prioritaires.

Ils ont dit

Le président du conseil Exécutif de la CTM Serge Letchimy a réagi après la réunion en affichant sa satisfaction et l’importance de ces échanges : “Le 30 septembre, nous Martiniquais avons fait une démonstration de l’unité à l’Elysée, pour bien faire comprendre que notre histoire, notre peuple, notre culture, notre identité, méritaient une attention particulière pour évoluer de manière extrêmement consensuelle en Martinique,

vers une réforme d’une importance capitale pour nous, qui associe égalité des droits et droit à la différenciation.”

La ministre des Outre-mer Naïma Moutchou  s’est exprimée sur la réunion, en rappelant que toutes ces discussions sont possibles, grâce à l’unanimité historique des élus martiniquais : “ Conformément à la volonté du Président de la République et du Premier ministre, cette première réunion lance un cycle de discussions approfondies entre l’État et la Collectivité Territoriale de Martinique.

Le 30 septembre dernier, le chef de l’État  a en effet acté l’ouverture de discussions avec les territoires ultramarins dont les projets d’évolutions institutionnelles sont les plus aboutis et consensuels. Au regard de l’avancée du projet martiniquais et de l’unanimité des élus sur son principe, les travaux peuvent désormais commencer. Les discussions se dérouleront sur la base du projet porté unanimement par les élus martiniquais, qui inclue l’étude d’un statut spécifique conciliant différenciation et égalité des droits, dans le cadre républicain.  Tous ici, nous sommes résolument du côté des démocrates, du côté du peuple et de ses aspirations. C’est lui qui sera, in fine, appelé à se prononcer définitivement sur tout projet.”

Le député Marcellin Nadeau (Péyi-a) souhaite qu’on insiste sur nos volontés : “Le principe d’un accord politique avec le gouvernement pour définir un cadre et une méthode, ça me parait être essentielle. Il faut insister sur ce que nous voulons car c’est quand même une perspective de décentralisation, d’approfondissement. Il faut qu’une fois de plus, nous ne soyons pas noyés dans ce qu’on peut appeler un volet outre-mer, sans que soit prise en compte nos particularités et nos spécificités en tant que Martinique […] Notre unité est fondamentale pour parler d’une seule voix et de manière à trouver justement les perspectives d’un accord qui partirait du plus petit dénominateur commun entre nous, Martiniquais.”

Représentant du Gran Sanblé et membre du Mouvement Indépendantiste Martiniquais (MIM), Daniel Marie-Sainte est lui aussi convaincu qu’il faut que la France admette que la Martinique a des spécificités : “Nous avons admis que notre histoire puisse avoir une étape, c’est pour ça que nous avons eu un point de rencontre avec les autonomistes. Nous sommes arrivés à un consensus : Il faut absolument que le gouvernement comprenne que la Martinique a des spécificités et qu’il faut que l’on définisse des règles pour la Martinique.”

Enfin, le président du CESECEM (conseil économique, social, environnemental et de l’éducation de la Martinique), Eric Bellemare, a livré ses impressions : “Nous allons continuer à consulter la population, les forces sociaux-professionnelles, économiques. Nous sommes la représentation de la population, la voix de la population et nous la portons. C’est notre rôle pour enrichir le débat des élus.”

L’accord cadre pourrait être signé en janvier 2026, selon la CTM.

Il faudra être vigilant sur son contenu.

J-PM