Air Antilles :  Une suspension brutale qui fragilise la compagnie et ses salariés

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La direction générale de l’aviation civile (DGAC) a pris la décision de retirer son certificat de transporteur aérien (CTA) à la compagnie Air Antilles

Air Antilles traverse une nouvelle zone de fortes turbulences. Depuis la nuit du 8 au 9 décembre, la compagnie régionale n’est plus autorisée à voler. La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a suspendu son certificat de transporteur aérien ainsi que sa licence d’exploitation, après un audit révélant d’importantes défaillances en matière de sécurité.

Mené le 4 décembre, l’audit de la Direction de la sécurité de l’aviation civile a mis en lumière des manquements jugés “très significatifs” dans l’organisation et les processus de sécurité d’Air Antilles. L’autorité estime que la compagnie n’est, à ce stade, plus en mesure de garantir la sécurité des passagers et du personnel. Cette suspension entraîne l’interdiction de voler et d’émettre de nouveaux billets. Pourtant, le site internet continuait encore d’afficher des vols jusqu’au 16 décembre, sans aucune explication officielle : une situation contraire aux annonces de la DGAC. Air Antilles dispose désormais d’un mois pour corriger les irrégularités et espérer récupérer son certificat.

Une retombée brutale pour une compagnie déjà fragilisée

Depuis sa relance en juin 2024, après la liquidation du groupe Caire, Air Antilles peinait à retrouver un fonctionnement stable. Les taux de remplissage demeuraient faibles et la compagnie dépendait fortement des investissements de la collectivité de Saint-Martin, devenue actionnaire majoritaire pour assurer la continuité territoriale. Cette nouvelle suspension intervient alors que la compagnie attend toujours un repreneur. Son avenir juridique et économique apparaît, plus que jamais, incertain.

Les salariés sous le choc, entre incertitude et inquiétude

Les 114 salariés ont appris la nouvelle avec stupeur. Pour beaucoup, cette décision ravive les inquiétudes accumulées depuis des mois. Selon Melissa Germe, déléguée syndicale SNPNC-FO, le moral est au plus bas. Elle explique que le personnel savait qu’un audit pouvait entraîner des ajustements, mais personne n’envisageait une suspension totale. Les employés s’interrogent désormais sur la poursuite de leurs missions, leur rémunération et la survie même de la compagnie. Malgré tout, elle assure que les équipes comptent fournir leur aide pour les démarches visant à lever la suspension.

Des passagers déroutés vers Air Caraïbes

L’arrêt immédiat des vols laisse de nombreux voyageurs dans l’incertitude. À l’aéroport Aimé Césaire, les passagers ont été redirigés vers les rotations d’Air Caraïbes, seule compagnie encore en capacité d’assurer les liaisons régionales. Certains ont pu être reclassés, comme un client dont le voyage familial était compromis avant qu’une solution ne lui soit proposée. D’autres attendent une confirmation, parfois à la veille de leur départ. Déjà prolongée en octobre pour quatre mois supplémentaires, la licence d’exploitation d’Air Antilles est désormais gelée jusqu’au 31 janvier 2026. Entre difficultés financières, restructuration inachevée et exigences réglementaires renforcées, la compagnie se retrouve face à un défi majeur.

MC : 11/12/2025