À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, les acteurs de santé martiniquais rappellent que l’épidémie reste loin d’être maîtrisée sur l’île. Alors que la stratégie générale de santé sexuelle vise l’élimination du VIH d’ici 2030, la Martinique fait face à un niveau de contamination supérieur à celui de la France mais se distingue par un dépistage plus fréquent et des dispositifs locaux très mobilisés.
Chaque 1ᵉʳ décembre, le ruban rouge refait surface. Pourtant, loin des symboles, la réalité du VIH en Martinique se joue tout au long de l’année : dépistage, prises en charge, craintes, progrès, et depuis peu… inquiétudes budgétaires. Car si la Martinique affiche un niveau de dépistage supérieur à celui de la France, l’épidémie reste loin d’être maîtrisée.
Une épidémie qui progresse encore sur l’île
En 2024, 71 nouvelles séropositivités ont été recensées en Martinique. Rapporté au nombre de tests réalisés, le taux de positivité atteint 1,7 pour 1 000 tests, soit presque le double du taux observé en France (0,9 pour 1 000). Autrement dit, lorsque l’on se fait dépister en Martinique, la probabilité d’un résultat positif demeure nettement plus élevée. Le profil des nouvelles infections évolue également, selon Santé France Publique:
- 56 % des personnes diagnostiquées sont nées à l’étranger.
- Les modes de transmission se répartissent entre rapports hétérosexuels (53 %) et rapports sexuels entre hommes (42 %).
- 43 % des infections sont découvertes à un stade tardif, reflétant des occasions manquées de dépistage.
Les rapports hétérosexuels deviennent la première voie de transmission, et plus d’un tiers des nouveaux diagnostics s’accompagnent d’une autre IST. Au total, 1 167 personnes vivant avec le VIH sont suivies au CHU de Martinique. Les autorités sanitaires le rappellent : l’ensemble de la population est concerné, quel que soit l’âge, le sexe ou les pratiques sexuelles. Un dépistage plus fréquent qu’en France… mais encore insuffisant
Si la situation épidémiologique est préoccupante, la Martinique se distingue toutefois par une mobilisation plus forte en matière de dépistage. Entre mi-2024 et mi-2025, 1 817 tests “MON TEST IST” ont été réalisés, soit 236 tests pour 10 000 habitants : un niveau nettement supérieur au rythme observé en France. Le dispositif, déployé en 2024, facilite l’accès au dépistage complet des IST : sans ordonnance, sans rendez-vous et sans avance de frais. Il est gratuit pour tous lorsqu’il porte uniquement sur le VIH et remboursé à 100 % pour les moins de 26 ans.
Ce déploiement complète les outils déjà existants :
• tests en laboratoire,
• CeGIDD gratuits,
• dépistages rapides associatifs.
Il vise à encourager un dépistage régulier au moins une fois par an, et à chaque changement de partenaire, une recommandation essentielle dans un territoire où les contaminations tardives restent fréquentes.
Une mobilisation soutenue en Martinique tout au long du mois de décembre
Pour renforcer la prévention, une série d’actions est organisée partout sur l’île :
CHUM : stand santé sexuelle le 1er décembre.
COREVIH : ateliers et dépistages à l’Université et au RSMA (3, 8 et 12 décembre).
Croix-Rouge : stand prévention le 1er décembre aux Terres-Sainville.
Villes de Schoelcher & du Robert : village santé, débats et ateliers.
Réseau Périnatalité : sensibilisation IST et grossesse le 16 décembre.
AIDES : actions en rue et ateliers les 29 novembre, 4 et 11 décembre.
Cette année marque aussi le lancement du défi connecté #MartiniqueSansSida2025, invitant entreprises, associations et écoles à publier de courtes vidéos pour relayer des messages de prévention.
M.C

