Le vendredi 2 mai, les agents de l’EHPAD Gliricidias du François affiliés à la Centrale Syndicale des Travailleurs Martiniquais (CSTM) se sont réunis devant l’EHPAD pour dénoncer la politique mise en place par l’ancienne présidente de la structure. Ils dénoncent aussi le manque de réaction des deux autorités tarifaires : La Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) et l’Agence Régionale de Santé (ARS). Lundi 5 mai, un accord a été trouvé entre la CSTM et la direction. Retour sur les circonstances du conflit.
Pour rappel, deux présidentes se disputent la direction de l’EHPAD Gliricidias. Il y a Maryse Crochemar-Pelage, ancienne présidente qui a remis sa démission le 27 novembre 2024 au conseil d’administration de l’association qui gère l’EHPAD : L’Association des Anciennes et Anciens du Lycée de Bellevue (AAALB). Dans le courrier transmis par la CSTM, Maryse Crochemar-Pelage indique que “des raisons de santé, me contraignent malheureusement ce jour, par la présente, à vous présenter ma démission du poste de Présidente et du Conseil d’administration de l’AAALB. Cette démission prendra effet immédiatement après l’Assemblée Générale de notre association programmée le 14 décembre 2024.”
Le bureau a alors procédé à l’élection d’une nouvelle présidente : Marie-Frédérique LORDINOT. Une élection validée par la préfecture depuis décembre 2024.
Toutefois, Maryse Crochemar-Pelage déclare que sa démission n’a pas été acceptée et qu’elle est toujours présidente de l’EHPAD. Un imbroglio qui oblige la banque en charge des comptes de l’association de procéder au gel du compte “jusqu’à clarification de la situation”, dans un courrier en date du 7 février 2025. Pourtant, selon la CSTM, les salaires ont pu être versés grâce à la signature de l’ancienne présidente, qui revendique toujours son poste.
La CSTM saisie la CTM et l’ARS
Pour la CSTM, il s’agit d’une situation anxiogène et de stress pour les employés. Même s’ils ont reçu leur salaire, le fait d’être dans le flou ne permet pas de bonnes conditions de travail. Ils seraient en grande souffrance selon le syndicat. Le syndicat nous apprend qu’un projet de création d’une Société à responsabilité limitée (SARL) est enclenché par l’ancienne présidente. Ce qui constitue un danger pour les salariés. La secrétaire générale de la CSTM Ann-Lov ANNERY explique le danger de la création d’une SARL : “C’est une menace pour les salariés puisque les salariés vont se retrouver dans une situation où ils risqueront de perdre leur emploi, et c’est l’objectif. Son objectif n’est pas de garder une unité et de préserver l’emploi. Une fois qu’on change le statut d’une entreprise, les fonctions ne sont plus les mêmes.”
La CSTM a dénoncé aussi de grands manquements durant les 6 dernières années de présidence. Il déclare que les extincteurs ne sont pas contrôlés, aucun projet d’établissement n’a été établi et lors de la conférence, la CSTM a présenté un bulletin de paie au nom de l’ancienne présidente. Face à ces difficultés, la CSTM a adressé un courrier à l’ARS et à la CTM, les deux autorités tarifaires de l’EHPAD. L’ARS s’occupe des soins, tandis que la CTM s’occupe du “reste”.
Le jour du début de la grève du 22 avril, la CSTM a adressé un courrier à l’ARS et à la CTM : “Les salariés se trouvent prisonnier d’un imbroglio où 2 personnes se disputent le poste de Présidente […] les agents se trouvent dans une situation très difficile : Il n’y a pas de direction, il y a de forts risques psychosociaux, le paiement sélectif des salaires entre les CDI et les CDD […] il y a deux conseils d’administration pour une association (une dument enregistrée en préfecture et une non enregistrée qui possède le contrôle des comptes bancaires).” Selon la CSTM, l’ARS n’aurait pas répondu à ce courrier. Par courrier signé du Président du conseil exécutif de la CTM, Serge Letchimy, la CTM a répondu que “la reconnaissance de la qualité de présidente ne relève pas de la compétence de la CTM. L’association qui gère l’établissement est souveraine.” “Surprenant pour un homme qui demande plus de pouvoir ! Il peut agir, et là il ne fait rien”, lance Bertrand Cambusy membre de la CSTM.
Dans ce courrier, la CTM demande aux agents “la levée de ce blocage qui pourrait mettre en danger la prise en charge et la sécurité de l’ensemble des résidents”. Une réponse que la CSTM considère comme méprisante.
Reprise du travail le 5 mai

Vu que ni l’ARS ni la CTM ne veut trouver une solution, la CSTM a alors fait deux annonces : Le départ de Maryse Crochemar-Pelage et surtout un ultimatum de 72 heures pour trouver une solution, sinon l’ARS et la CTM “débrouyé kow zot” ! Jean-Michel Palix, délégué syndical CSTM à l’EHPAD nous donne les contours de cette injonction : “ Nous allons mettre la pression sur la CTM et l’ARS. La CTM nous fait injonction de lever le barrage. Personne n’est venu nous voir sur le piquet de grève. Les choses sont claires, devant ce mépris de la CTM, nous allons durcir ce mouvement. S’il n’y a pas de réponse dans les 72 heures, la CTM prendra ses responsabilités […] la prise en charge des résidents sera à revoir.” Bien qu’il y avait des palettes, l’accès au site n’était pas bloqué Les ambulances ont pu accéder à l’EHPAD et les familles peuvent effectuer des visites.
La grève est désormais terminée. Un protocole de suspension de conflit a été signé le lundi 5 mai entre la présidente de l’Ehpad et la CSTM.
J-PM