Jean-Marie Le Pen à lʼémission télévisée “LʼHeure de vérité” sur Antenne 2, le 14 février 1984 à Paris. © Laurent MAOUS/Gamma-Rapho via Getty Images
Jean-Marie Le Pen, le fondateur du Front national, rebaptisé plus tard Rassemblement national, est décédé le mardi 7 janvier à l’âge de 96 ans.
Il aura été l’homme qui aura remis l’extrême droite au centre du jeu politique français, après un parcours chaotique de plus d’un demi-siècle. La disparition de cet homme, dont les idées racistes et xénophobes ont influencé le corps social français, a suscité des réactions très contrastées et parfois même choquantes.
Jean-Marie Le Pen : L’adepte d’une idéologie de la haine
Il est celui qui a traversé toutes les turbulences de la droite en ayant comme principale boussole son attachement au racisme, à l’antisémitisme, à la suprématie de la race blanche et à la défense de l’empire colonial français au moment où il commençait à craquer de toutes parts. Ses études à peine terminées, il s’affiche comme anticommuniste au Quartier latin où il s’affiche comme chef de bande qui n’hésite pas à affronter la police ou les “rouges”… C’est cette détestation des communistes qui le pousse à s’engager en 1953 pour aller combattre en Indochine. Mais il arrive après la débâcle de Dien Bien Phu sans avoir eu l’occasion de se frotter aux Viets. De retour à Paris en 1956, il profite de la vague poujadiste pour se faire élire député. Mais au bout de quelques mois, il démissionne pour rejoindre le corps expéditionnaire franco-anglais lors de la crise du canal de Suez en 1956. Sans avoir eu l’occasion de se battre. Mais c’est avec sa mutation en Algérie, six mois plus tard, chez les paras, qu’il aura l’occasion d’exercer ses talents de tortionnaire lors de la bataille d’Alger. Le Pen a eu recours à tous les supplices, y compris la “gégéne”, c’est-à-dire l’électricité pour arracher des aveux aux patriotes algériens capturés par les soldats français. Des crimes qu’il a reconnus : “J’ai torturé parce qu’il fallait le faire”, avant de se rétracter plus tard, dans ses mémoires. Rentré en France, il se brouille avec son ancienne famille politique et entame une carrière d’éditeur et publie les enregistrements des procès des dirigeants de l’OAS ainsi qu’un disque faisant l’apologie du IIIe Reich. Des actes négationnistes auxquels s’ajoutent de nombreux autres provocateurs ou injurieux qui lui vaudront plusieurs condamnations.
La progression des idées de l’extrême droite favorisée par les partis de gouvernement La progression du Parti de Le Pen commence véritablement à partir de 1983, année où la liste du FN fait alliance avec celle du RPR aux élections municipales de Dreux. À la faveur du rétablissement de la proportionnelle, le FN fait son retour à l’Assemblée. La crise économique et l’explosion du chômage lui offrent un terrain favorable à son discours anti-immigré et la “lepénisation des esprits”. Ces succès électoraux attirent vers le FN d’autres groupuscules catholiques et d’extrême droite, mais n’ébranlent pas encore le menhir. Aux présidentielles de 1988, Chirac décide d’établir un cordon sanitaire autour du FN. D’où sa rancœur tenace à l’encontre du futur président. Mais son score de 14,38% nourrit ses espoirs… C’est à même époque qu’il développe sa théorie de la “préférence nationale”. Fin 1988, Le Pen doit affronter les luttes pour le pouvoir qui rongent le FN. Bruno Mégret et ses partisans tentent un coup de force pour l’évincer. S’en suivent une série de procédures finalement gagnées par Le Pen. Mais si la plupart des cadres se sont éloignés du parti, les militants y sont restés. Trois ans plus tard, il sera qualifié pour le second tour des présidentielles. Le duel final Chirac-Jospin prévu par les observateurs se termine en duel Chirac-Le Pen, en faveur du candidat du RPR. Mais les législatives qui suivent seront fatales au FN. Après une nouvelle traversée du désert, où on le dit malade, il repart en campagne, avec un FN endetté qui a dû mettre son siège en vente. L’élection de Nicolas Sarkozy qui a fait campagne sur certains de ses thèmes d’extrême droite a siphonné son électorat. De nouveau, des querelles éclatent autour de sa succession. Avec le soutien de son père, sa fille l’emportera face à un autre cador de l’extrême droite, Bruno Gollnisch. Pour le père Le Pen, c’est une immense satisfaction d’avoir pu transmettre la direction du parti qu’il a créé sa fille.
Par deux fois, le 26 décembre 1987 et le 6 décembre 1997, Jean-Marie Le Pen a été empêché de venir en Martinique par la mobilisation populaire.
Les communistes n’ont pas besoin de danser autour du cadavre de Le Pen pour exprimer leur détestation à l’égard de ses idées. Ils préfèrent réserver leur énergie pour continuer à les combattre, notamment au sein de notre population qui se laisse parfois fourvoyer par des marchands d’illusions. C’est aujourd’hui la priorité vu le contexte politique de la France.
GE