Discours de Georges Érichot, secrétaire général du PCM : Hommage à deux de ses plus vaillants militants que furent André Aliker et Armand Nicolas

0
2

Georges Erichot (SG PCM) nous a rappelé lʼhistorique héritage laissé par André Aliker et Armand Nicolas

Chers camarades et amis,
Nous voilà une fois de plus réunis pour rendre hommage à ces deux vaillants militants que furent André Aliker assassiné, en 1934 (91 ans déjà) et Armand Nicolas décédé le 28/01/2022 à l’âge de 97 ans. Deux vaillants communistes qui ont consacré l’essentiel de leur vie à la défense de l’idéal communiste, à la lutte contre le colonialisme et à l’amélioration de la condition de la classe ouvrière et à la connaissance de notre de notre histoire. Certes, ils ne sont pas les seuls. Il convient d’associer à ce double hommage tous les autres militants aussi valeureux dont les noms ne doivent pas s’effacer de la mémoire de nos compatriotes. Je veux par exemple citer ceux qui, avec Jules Monnerot, René Ménil, Thélus Léro, Juvénal Linval, Gabriel Henri, Victor Lamon, Henri Bayardin, Victor Lamon, Léopold Bissol, Georges Gratiant, et tous les autres qui avaient fondé en 1935, la “Région communiste de la Martinique”. C’était l’aboutissement d’un travail tenace commencé depuis 1920 pour organiser les travailleurs et leur permettre de résister à l’exploitation éhontée dont ils étaient si longtemps victimes de la part des békés à la fois gros propriétaires terriens et usiniers. Cette classe de descendants des propriétaires d’esclaves entendait, sous des formes diverses poursuivre l’exploitation des ouvriers agricoles, en mettant tout en œuvre pour échapper aux impôts qu’ils devaient verser à la colonie.
Ce gang avait pour chef un certain Eugène Aubéry qui avait organisé un système de corruption de fonctionnaires et de l’oligarchie coloniales au plus haut niveau.
Mais, alors que la quasi-totalité de la presse s’était mise à son service, il trouva en face de lui un homme courageux en la personne du journaliste communiste André Aliker, bien décidé à dénoncer ses malversations, à révéler par l’intermédiaire de son journal Justice cette immense fraude fiscale qui privait la colonie de plus de sept millions de francs de l’époque de recettes. C’est à cette tâche périlleuse que s’attaqua notre David face à ce Goliath dont l’ombre planait sur tous les services de la colonie. Pourtant, Aliker ne renonça pas à sa mission de journaliste qu’il considérait comme une mission de salubrité publique. Au sein du journal Justice dont il était le principal animateur, il publiait sous le pseudonyme de “Zoupa” ou “l’œil de Moscou” des articles incisifs, parfois provocateurs qui tranchaient avec les autres journaux de l’époque. D’autant qu’Aliker s’était converti à un journalisme d’investigation, beaucoup plus mordant qui ne se contentait pas de publier les communiqués officiels, mais allait plus loin. C’est d’ailleurs sous le titre percutant de “Alerte ! Le Panama du Lareinty. Les chéquard de la fraude fiscale. Magistrats pris la main dans le sac !” que l’édition spéciale du 11 juin 1933 de Justice qui fit l’effet d’une bombe, commença la publication d’une série de documents révélant les dessous de l’affaire et alerta l’opinion publique. Dès lors, André Aliker devint l’homme à abattre et la cible des hommes de main payés par Aubéry pour le faire taire. Pourtant, il continua ses révélations malgré les nombreuses mises en garde de ses amis communistes. Sans compter les multiples pressions des banquiers et des gros commerçants et des menaces des nervis à la solde de l’usinier. Après une première tentative de meurtre, les plaintes déposées par Aliker restèrent sans effet. Finalement, après de multiples manœuvres d’intimidations puis des agressions physiques, ils passèrent à l’acte le 11 janvier. Ce soir, après l’avoir assommé, drogué, solidement attaché, ils prirent la direction de Case-Pilote. Arrivé sur la plage de Fonds Bourlet, ils lestèrent le corps de lourdes pierres et le jetèrent à la mer loin de la plage. Cette fois, il ne put regagner le rivage. Le lendemain, la mer rejeta le corps sur la plage. En dépit des témoignages, les nervis furent condamnés à une peine légère. Quant à Aubéry, il ne fut jamais inquiété. Les autorités avaient hâte de refermer le dossier.
L’assassinat du journaliste communiste eut un immense retentissement à travers la Caraïbe et dans le reste du monde. Chez nous, il apporta la preuve que les Békés tenaient toujours entre leurs mains les rênes du pouvoir colonial et que la devise “Liberté, Egalité, fraternité” ne s’applique pas à ceux qui détiennent entre leurs mains des pans entiers de l’économie de notre pays.

Une gerbe en lʼhonneur dʼArmand Nicolas a été déposée sur sa tombe par le PCM

Que le sacrifice d’André Aliker continue d’inspirer ceux qui poursuivent son œuvre et que vive encore longtemps Justice, le journal d’André Aliker.

Georges Érichot

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici