Débat d’orientations budgétaires 2026 de Fort-de-France : Peu de lumières sur ce que sera le budget 2026. Opacité

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La majorité PPM de Fort-de-France prétend être ambitieuse pour 2026

Le conseil municipal de Fort-de-France a eu à examiner le 28 novembre, comme l’impose la loi, le Rapport d’orientations budgétaires (ROB) de 2026.

Ce ROB doit contenir en principe en particulier les évolutions prévisionnelles des dépenses et des recettes, en fonctionnement comme en investissement. Et d’autres éléments, notamment sur la programmation des investissements futurs. Nous en présentons les éléments les plus saillants.

Un contexte économique global  très négatif

S’agissant de l’Etat il est noté que “en 2026, les collectivités territoriales seront associées aux efforts de maîtrise du déficit public en contrepartie d’une réduction du poids des normes”. En clair,  les dotations de l’Etat vont baisser.

 A propos du  budget global de la mission “Outre-mer” issu du rapport de l’Assemblée nationale il est indiqué que les Autorisations d’engagement (AE) se monteront à 2,91 milliards d’euros, en diminution de 17,75 % par rapport à 2025 et les Crédits de paiement (CP) à 2,8 milliards d’euros, en légère diminution par rapport à l’année précédente. Le projet de budget de la mission outre-mer baisse fortement.

S’agissant de la conjoncture économique martiniquaise il est mentionné que l’activité est marquée par un ralentissement. Le budget de la CTM est prévu en recul.

Autosatisfaction de la majorité PPM

A propos du bilan 2025 l’autosatisfaction domine et il est affirmé sans chiffres que les résultats sont “conformes aux objectifs fixés”. Ainsi il est avancé  un “résultat excédentaire de 4 812 489 euros au titre du CA 2024, et un solde excédentaire confirmé au CA 2025”. Mais non chiffré. Il est allégué une “réduction significative du délai de paiement des ordonnateurs, passant de 38 jours (Nov. 2024) à 27 jours (Nov. 2025)”.

Néanmoins un nouveau contrat de redressement outre-mer (Corom) a été conclu pour 2024-2026 avec pour objectif principal “respecter une trajectoire financière permettant de consolider la capacité d’autofinancement nette positive de la Ville sur les exercices 2024, 2025 et 2026”. Cela veut dire des recettes supérieures aux dépenses. Il est insisté sur la “maitrise” de la masse salariale qui est plafonnée annuellement. Les recrutements sont encadrés strictement. Il est prévu la présence d’un contrôleur de gestion sociale au sein de la Direction en charge des ressources humaines qui renforce l’activité de contrôle et de suivi de l’évolution de la masse salariale(Corom).

Cela veut dire que le redressement financier doit se poursuivre pour se consolider.

La municipalité se targue d’avoir réalisé en 2025  plus de 11 M€ de travaux réalisés (Morne Calebasse, éclairage public, centres culturels, véhicules utilitaires) dans divers domaines allant de la prévention-sécurité à la culture au patrimoine en passant par l’aménagement du territoire.

Des annonces d’investissements 2026 pharamineux

S’agissant des projets pour l’année 2026 sont annoncés 6,5 M€ d’investissements dits “prioritaires”, 2,5 M€ pour les politiques éducatives et 2,7 M€ pour la cohésion territoriale.

Pour les dépenses de fonctionnement aux chapitre 011,012 et 65, il est énoncé 107,8 M€ de dépenses.

Pour information, les dépenses d’investissement principales qui se montaient à 11,19 M€ au compte administratif 2024 seraient évaluées à 14,81 M€ à la date du 21/11/2025.

Concernant les ressources humaines, le rapport indique qu’au 31 Octobre 2025, la Ville de Fort-de-France comptait 2022 agents (hors contrats aidés/apprentis disponibilités, détachements, agents MAD,…) et que 95 M€ de dépenses courantes (masse salariale) sont  inscrites au chapitre 012 au Budget 2026.

Pas de chiffrage des recettes 2026

En ce qui concerne les évolutions prévisionnelles de recettes 2026  nous relevons essentiellement des intentions et pas de chiffrage. Par exemple : “la stabilisation des recettes de fonctionnement : celles-ci reposent essentiellement sur les revenus fiscaux et les dotations de l’État”. Ce qui veut dire pas d’augmentation au mieux.

Par contre, il est annoncé la hausse des recettes liées au stationnement grâce à la mise en place du stationnement payant sur voirie à compter du mois de décembre 2025 et celle des revenus du domaine. Il est prévu une évolution de la tarification des services communaux sans indication des taux retenus.

En outre, il indiqué que “les recettes seront limitées dans le cadre des cessions immobilières : peu de ventes d’actifs immobiliers sont prévues en 2026, le programme de cessions 2021-2024 étant achevé”.

Impôts et redevances en hausse

Pour la  taxe foncière de l’exercice 2026 son évolution moyenne de la base est estimée à 1,7%, soit une progression des produits estimés de 1,7%. Le report de l’augmentation de la taxe foncière annoncé par le Premier ministre Sébastien Lecornu va-t-il concerner Fort-de-France dont la taxe évolue en fonction de sa base ?

Le Rapport se vante qu’au 31 Décembre 2025, l’encours de la dette réparti entre 10 prêteurs s’élèvera à 172,5 M€, soit une diminution de 5,51 % de l’encours par rapport à 2024. Effectivement, la chambre régionale des comptes(CRC) et le COROM avaient édicté une limitation du niveau des emprunts à 5 M€ par an pour faire diminuer son niveau et son remboursement qui pesaient sur les comptes.

Pas de vision d’avenir

 A propos des engagements pluriannuels de la commune  qui doivent être présentés (AP/AE et CP), rien n’est communiqué, sauf des principes de gestion et la dotation d’instruments pour la programmation pluriannuelle d’investissements  pour le futur.

La présentation budget primitif 2026 est prévue pour décembre 2025.

Ce rapport d’orientations budgétaires apprend peu des choses sur ce que sera le budget 2026 de la Ville de Fort-de-France.

Le Maire Didier Laguerre conclut le rapport avec ce message :”Nous savons que l’année 2026 s’annonce exigeante, dans un environnement politique, social et sociétal marqué par de fortes incertitudes”.

En définitive, beaucoup de promesses de millions d’investissements, peu d’éléments sur les recettes sinon la taxe foncière et la tarification des services communaux. Des indications très partielles sur les dépenses en dehors de la masse salariale imposée par le Corom. Rien sur la capacité d’autofinancement (CAF).

Rien sur la programmation des investissements futurs. Rien sur l’emprunt 2026. C’est le brouillard et l’opacité.

Michel Branchi (30/11/2026)