C’est France-Antilles du 17/01/2024 qui l’annonce à la Une : “La nouvelle de la liquidation de la Sacherie Capron en a surpris beaucoup. Le pionnier de la fabrication d’emballages plastique de l’île va disparaître. Cependant, l’activité peut encore être sauvée grâce à une reprise.”
Martinique la 1ère précise : “Après 80 ans d’existence, La Sa- cherie Capron, a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce. Un jugement du 3 octobre 2023 a entériné la résolu- tion du plan de redressement, conduisant ainsi à la liquidation ju- diciaire de l’entreprise qui comptait une vingtaine de salariés. La date de cessation d’activité a été prorogée jusqu’au 26 janvier 2024.”
Fondée en 1944 par Max Capron au bourg du Morne-Vert, la Sacherie Capron s’est distinguée par la fabrication d’embal- lages en matières plastiques, ainsi que la vente de produits d’emballage. Spécialisée dans la production de sachets papier et plastique de vaisselle jetable, cette entreprise a prospéré au fil des années, atteignant un effectif de 40 salariés. Les années 80 la voient évoluer et élargir sa gamme de produits avec une matière première acheminée depuis l’Italie, l’Amérique latine, les pays du Golfe, la France, par voie maritime.
La concurrence extérieure et la législation européenne
Cependant, les premières difficultés ont émergé avec la concur- rence de produits importés de Turquie et de Chine. La Sacherie Capron se trouve confrontée à la concurrence de produits étrangers, fabriqués à un coût quatre à cinq fois infé- rieur. En 2015, la législation européenne sur le plastique a frappé l’entreprise. La loi sur la transition énergétique et la crois- sance verte du 17 août 2015 mettent fin à la distribution, à titre onéreux ou gratuit, des sacs en plastique à usage unique des- tinés à l’emballage de marchandises dans les points de vente. Cette interdiction va induire des changements dans les modes de consommation et de production. Des produits en plastique à usage unique disparaissent également des étales (cotons- tiges, vaisselle et couverts, pailles et touillettes, etc.).
Le tribunal de commerce a rendu son jugement le 3 octobre 2023, prononçant la résolution du plan de redressement et la li- quidation judiciaire de la SACHERIE CAPRON, société à res- ponsabilité limitée, nommant la Selarl Montravers Yang Ting en tant que liquidateur. Initialement arrêtée au 6 décembre 2023. La prorogation de la fin d’activité est désormais fixée au 26 janvier 2024.
Au cours des dernières années, le nombre de salariés de la Sacherie Capron a chuté de manière significative, passant d’une quarantaine à moins d’une vingtaine.
Josiane Capron déclare à France-Antilles : “Si nous voulions continuer à exister en tant que fabricant nous étions obligés de nous conformer à la réglementation qui a demandé par exemple d’augmenter l’épaisseur des sa- chets pour qu’ils soient réutilisables afin de limiter les dépôts sauvages dans la nature.”
Les limites de l’octroi de mer
Le poids de la concurrence fait également ressortir les limites de l’octroi de mer. “Il est vrai qu’aujourd’hui j’entends toute sorte de procès faits à l’octroi de mer qui a pour but de protéger la pro- duction locale, mais il ne peut pas aller au-delà de 30% et quand on a des produits qui arrivent deux à trois fois moins chers que les nôtres, on en voit vite les limites”, indique Josiane Capron.
Concernant l’avenir, elle indique que des propositions de re- prise sont déjà à l’étude. “Notre mandataire a reçu des proposi- tions de reprises et étudie les candidatures.” L’important pour elle étant de faire en sorte “que les choses se passent bien pour mes sa- lariés. Je les accompagne jusqu’au bout et je fais respecter leurs droits”, conclut-elle.
Une représentante marquante de l’industrie martiniquaise
Josiane Capron est élue à la présidence de l’AMPI (Associa- tion Martiniquaise Promotion de l’Industrie) en avril 2018. Elle défend bec et ongles l’importance de l’octroi de mer pour la pro- tection de la production locale.
Josiane Capron était jusqu’à ce jour présidente de l’AMPI, membre du bureau de la FEDOM (Fédération des Entreprises d’Outre-mer), et présidente d’Eurodom Martinique.
La disparition de cette entreprise de production de 80 ans d’existence dirigée par l’ancienne présidente de l’Association martiniquaise de la promotion de l’industrie (AMPI) est signifi- cative des difficultés pour un pays comme la Martinique d’échapper au rouleau compresseur de la concurrence de l’im- portation.
Michel Branchi avec France-Antilles et Martinique la 1ère
L’Industrie représente :
- 985 emplois salariés sur un total de 131 736 en 2022, soit 6,8
% des emplois salariés. A titre de comparaison :
- Agriculture : 3 788 emploi% du Produit Intérieur Brut (PIB) de 9,5 milliards d’euros en 2022 ; soit 665 millions d’euros ;
- s salariés(2,2 % du PIB) ;
- Construction : 6 237 emplois salariés(3,8 % du PIB)