Manuel Valls et Serge Letchimy ©Tessa Grauman / France Télévisions
Le jeudi 23 janvier, le président du Conseil Exécutif de Martinique Serge Letchimy a rencontré Manuel Valls, le nouveau ministre des Outre-mer à Paris.
Selon le communiqué de la CTM, Serge Letchimy a fait le point sur plusieurs dossiers qui concernent directement la Martinique dont :
- Lutte contre la vie chère : suivi des engagements de l’État, aide aux entreprises impactées par la crise
- Autonomie alimentaire : relance de la production agricole vivrière, accès au foncier, et réforme du POSEI
- Sécurité : lutte contre les trafics d’armes et de stupéfiants
- Emploi et mobilité : chômage des jeunes et accompagnement au retour au pays
- Développement local : création de l’autorité unique de l’eau et habilitation “énergie”
Le franco-espagnol Manuel Valls s’est vu confié le ministère des Outre-mer depuis le 23 décembre 2024. Il succède à François Noël-Buffet qui s’était rendu en Martinique durant le mois d’octobre 2024. Il fallait donc que Manuel Valls prenne connaissance des épineux dossiers martiniquais.
À la suite de la réunion entre Serge Letchimy et Manuel Valls, aucune annonce n’a été faite par les deux hommes. Selon la CTM, les discussions ont porté sur plusieurs priorités stratégiques :
Sur la vie chère, Serge Letchimy a annoncé qu’il était “d’accord” avec le ministre : “Dès que les conditions seront réunies par la loi de finances, nous considèrerons que les problèmes qui sont liés à la continuité territoriale, à la compensation, à la baisse à taux zéro de la TVA, ça viendra », a-t-il lâché à la fin du rendez-vous.
Concernant la lutte contre la précarité et le chômage, le communiqué de la CTM indique que “la pérennisation par l’État du financement des Parcours Emploi Compétences (PEC) a été abordée ainsi que la compensation financière insuffisante par l’État des Aides Individuelles Sociales versées par la CTM (RSA, PCH, APA) estimées à 150 millions d’euros chaque année.”
Ils ont abordé l’autonomie alimentaire, et la nécessité de permettre aux jeunes agriculteurs d’accéder aux terres agricoles.
Le 21 février 2024, la Martinique fera son entrée dans la CARICOM (Communauté caribéenne).
A la fin du rendez-vous, Manuel Valls a déclaré qu’il souhaite que la Martinique “sorte d’une économie qui est très liée au passé, au colonial. Il ne s’agit pas de stigmatiser, ni d’affronter qui que ce soit, on doit vivre dans la concorde ».
Enfin, sur la lutte contre les trafics illicites et la délinquance, Serge Letchimy aurait convié Manuel Valls à participer à la prochaine Conférence régionale de sécurité regroupant la Martinique, la Guadeloupe, Sainte-Lucie et la Dominique, « afin de renforcer la coopération régionale dans la lutte contre les trafics d’armes et de stupéfiants.”
Manuel Valls pointé du doigt l’État : « Je vais être très sévère avec l’État, on commence à voir des actions ces temps derniers. Mais après 30 ans d’inertie, tonne-t-il. La Martinique, la Guyane, et la Guadeloupe sont devenues des passoires du trafic de drogue, car elles ont été ciblées comme non contrôlées. C’était ‘open bar’. Qui a la responsabilité régalienne de la sécurité ? C’est l’État… Ils profitent de la richesse océanographique, mais ils ne mettent pas de moyen pour contrôler. […] Notre exigence est que l’État assume ses responsabilités. La fragilité sociale va se conjuguer en fragilité économique et face à un tel fléau, on risque d’avoir de grave problème. »
Une rencontre sans véritable annonce ni orientations. Il faudra que Manuel Valls maintienne cette sévérité avec l’État en portant les projets pour la Martinique sur le narcotrafic.
J-PM
« Il y a un groupe qui joue souvent un rôle d’étouffement » Manuel Valls à propos de GBH lors des questions au gouvernement
Lors des questions au gouvernement, Manuel Valls, ministre des Outre-mer, a été interpellé par Marcellin Nadeau, le député de la Martinique, sur les marges des distributeurs dont le groupe GBH. Le ministre affirme que l’état sera « le garant de la transparence, de la justice, de l’égalité et de la vérité », dans le dossier de la vie chère. […]
“Dans le dossier de la vie chère, la transparence, la justice, l’égalité, la vérité, doivent enfin s’imposer”.(Manuel Valls, ministre des outre-mer)
L’opacité autour des marges réelles doit cesser et l’État a un rôle à jouer. “L’opacité et l’accumulation des marges est au cœur de la cherté de la vie”. Mais le ministre va beaucoup plus loin en ciblant directement le rôle du Groupe Bernard Hayot (GBH) : “Il y a des groupes très performants, voire un grand groupe très performant, qui joue souvent un rôle d’étouffement de l’économie et du pouvoir d’achat”
Carole Petit
Martinique la 1ère
22 janvier 2025